. La Pédagogie du désert.

Ou

Les leçons des épreuves pour un chrétien

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Sommaire :

Le peuple Hébreu en Egypte et dans le désert 1

La traite des noirs  2

Le sous-développement 2

L’artisan   2

Le libérateur  3

La fin de la servitude  3

Les leçons universelles de la traversée du désert. 3

 

 

 

Le peuple Hébreu en Egypte et dans le désert

La sortie de l’Egypte- l’Exode- et le séjour dans le désert (du Sinaï) auront été l’une des grandes leçons de la pédagogie divine pour son peuple et pour l’humanité. La première des toutes c’est qu’aucun acte humain ne peut être isolé du plan de Dieu. Tout ce que nous faisons individuellement ou collectivement a de l’incidence sur les autres et donc sur la création, œuvre de Dieu. Dans le cas qui nous concerne actuellement on trouve un condensé des leçons du désert dans quelques versets du livre du Deutéronome (Deut 8). Et c’est le vieux guide du peuple hébreu au crépuscule de sa vie,  cet ami de Dieu, Moïse qui, à 120 ans, adresse trois discours successifs à ses frères et leur donne le vrai sens des épreuves qu’ils ont vécues ensemble à travers les pérégrinations du désert. Voici ce qu’il leur dit en substance à ce propos: vos épreuves étaient nécessaires sinon indispensables pour votre vie future; tout ce que vous avez vécu n’était qu’un outil didactique de la pédagogie divine ; un moyen efficace que le Dieu de nos pères a utilisé:

 

1.      pour vous éduquer,

2.      pour tester et consolider votre attachement à  LUI ;

3.      pour vous apprendre à retenir l’essentiel dans votre passage sur terre.

 

Aujourd’hui nous le comprenons mieux ; les épreuves du peuple hébreu dans le désert ont servi de laboratoire pour le bien de l’humanité tout entière. Car il n’y a pas un pays au monde qui n’a dans son code civil une loi qui ne fait référence à ce que le peuple hébreu avait durement expérimenté dans le désert.

Voici comment Moïse résume la situation et tire la leçon générale ; il dit explicitement au peuple:

 

« Tout le commandement que je te donne aujourd’hui, vous veillerez à le mettre en pratique afin que vous viviez…Tu te souviendras de toute la route que le Seigneur Dieu t’a fait parcourir depuis quarante ans dans le désert afin de te mettre dans la pauvreté ; ainsi Il t ‘éprouvait pour connaître ce qu’il y avait dans ton cœur et savoir si, oui ou non, tu allais observer ses commandements. Il t’a mis dans la pauvreté, il t’a fait avoir faim…pour te faire connaître que l’homme ne vit pas du pain seulement mais qu’il vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. Ton manteau ne s’est pas usé sur toi, ton pieds ne s’est pas enflé depuis quarante ans et tu reconnais, à la réflexion, que le Seigneur ton Dieu faisait ton éducation comme un homme fait celle de son fils. » (Deut 8 : 1-5  TOB).

 

Et il ajoute et met en garde d’oublier cette leçon surtout lorsque la prospérité nous sourit: « si tu manges à satiété, si tu te construis de belles maisons pour y habiter, si tu as beaucoup de petit et de gros bétail, beaucoup d’argent et d’or, beaucoup de biens de toutes sortes, ne va pas oublier le Seigneur ton Dieu » Dit l’Éternel (Deut 8 : 12-19 TOB).

 

Le séjour du désert était une étape inscrite dans les temps de l’histoire religieuse. La finalité de cette histoire c’est le salut de l’humanité. Personne ne connaît les limites des temps. Leur origine remonte bien au delà de la Création ; certains savants assistés des instruments de calcul et de mesure font remonter l’origine du temps jusqu’au ‘Big Bang’, ce trou noir ou la limite de l’intelligence humaine! Au delà de ce trou il n’y a que des hypothèses, des élucubrations. Dans le sens contraire, le futur lointain on parle du temps eschatologique, le temps du Jugement dernier. Vu de cette échelle infinie, le séjour dans le désert ne représente qu’une infime, une toute petite étape transitoire dans l’immensité de temps. Mais combien capitale avant  l’installation du peuple hébreu à Canaan, est la terre promise à Abraham par alliance. Une terre aux différents noms ; on l’appelle aussi la ‘Palestine’ du nom que les Romains lui avaient donné lorsqu’ils l’occupaient en tant que nouvelle province de leur empire.

Cette étape faisait suite à l’arrachement du peuple de son esclavage qui a duré quatre siècles en terre égyptienne.

Un peuple venait d’être libéré  des mains d’un tyran ; il était opprimé, asservi, réduit au niveau de la bête de somme dans sa corvée quotidienne. Cette libération est aussi une leçon pour nous ; car chaque libération permet de découvrir à la fois et la nature profonde de l’oppresseur et celle de l’opprimé dans sa douleur. Le peuple a découvert la cruauté de l’Egypte et, aussi  sa propre douleur. Devant la rudesse du désert, le peuple a eu en main la possibilité de comparer les situations : d’une part sa douloureuse période d’esclavage et, de l’autre celle de sa pérégrination dans la précarité et la sécheresse du désert. Il n’y a pas d’exagération lorsque quelqu’un dira de l’égyptien qu’il avait durement asservi l’hébreu et pratiquait sur lui un traitement inhumain dans le seul but de satisfaire une certaine mystique de la haine. Quand on analyse les gestes du travail effectué par l’hébreu au quotidien, les peines infligées et supportées on se rend compte qu’il s’agissait vraiment d’un acharnement sans graduation des objectifs dans la haine ; tout traitement aliénant que l’égyptien imposait aux hébreux devait servir la cause de la haine. Tous les moyens de torture disponibles et imaginables étaient considérés comme matériau pour construire ou pour assouvir cette haine et, utiles pour atteindre ses objectifs; quand on réfléchit sur la question et sur la méthode du traitement employées sur l’hébreu, on peut s’apercevoir que la mystique de l’égyptien de cette époque servait à réduire l’hébreu à néant avant de le détruire complètement par la corvée. Le diable ne fait pas autre chose sur les chrétiens ; il essaye d’en asservir au maximum par des subterfuges (détours), en multipliant les occasions de chute qui flattent les cinq sens.

Un chrétien avant le baptême est forcément quelqu’un qui sort de l’esclavage du péché; mais tant qu’il est encore sur terre sa libération peut le placer pendant un certain temps dans un quelconque type de désert pour lui apprendre à découvrir l’essentiel de la vie, à affermir sa foi et à soutenir son espérance. Cela peut être n’importe quoi : maladie, chômage, divorce, handicap quelconque, ou toute autre galère, en parlant moderne. Si nous pouvons tirer des leçons de ce qui s’était passé hier  dans le désert naturel, nous savons aujourd’hui que rien n’a changé de la nature humaine: on a encore et toujours des « hébreux » et des « égyptiens » :

 

La traite des noirs

L’exploitation de l’esclavage des noirs en Amérique durant plus de 400 ans depuis le 16ème siècle et l’Apartheid en Afrique de Sud sont autant de comportements identiques d’asservissement de l’autre « hébreu silencieux et pauvre» par l’égyptien des temps modernes. Seule la méthode a changé et est devenue plus sophistiquée : mais les objectifs sont quant à eux toujours les mêmes.

Dans son livre ‘Dieu est Noir’, Bruno CHENU décrit les conditions et les traitements subits par des esclaves noirs dans les plantations en Amérique du Nord. L’horreur vécu par ces esclaves commence dès le départ sur le sol africain et se poursuit en mer et sur le sol américain. En mer les plus affectés, les plus affaiblis, les corps de ceux qui étaient morts d’épuisement ou des maladies, les malades jugés irrécupérables et les rebelles qui refusaient de s’alimenter pour protester contre la maltraitance et les chaînes aux pieds dans des cales, tous ceux-là étaient jetés par dessus bord pour servir d’exemples pour les autres et de nourriture pour les requins. Dans son journal de bord le capitaine d’un autre bateau marchand transatlantique a décrit, selon l’auteur, comment les gros cétacés se mettaient à suivre le sillage des bateaux de transport d’esclaves jusqu’à la côte américaine. Ce spectacle durera de nombreuses et longues années, le temps qu’a duré ce scandaleux commerce.

Le banc des requins traçait ainsi une voie maritime perceptible à d’autres bateaux. Arrivés sur le sol américain ou au Brésil où les travaux dans des plantations et le fouet des maîtres les attendaient,  les esclaves n’en étaient pas encore tout à fait au bout de leur peine et de leur  douloureuse épopée : sur place aucune vie de famille réellement composée n’était assurée : si par miracle une famille se composait et des enfants y naissaient, le maître avait encore les moyens de la diviser à sa guise en vendant les enfants et ou la femme. Les enfants étaient d’ailleurs affectés aux travaux dans la plantation dès le plus jeune âge.

Le divorce trop facile en particulier des étrangers en terre d’exil ou d’immigration est une forme savante de destruction de ces familles ; il n’ y a pas un jour qui passe sans qu’on entende à la radio ou à la télé parler de la délinquance sans ajouter aussitôt : les enfants des familles défavorisées et ceux issus de l’immigration n’ont aucune chance de s’intégrer dans la société. Mais une question : qui est à la base ?  Et qui « défavorise » les enfants des familles entassées dans les taudis  à  4 ou 5 par chambre délabrée ? Que dire de leur rendement médiocre notamment à l’école et de ce fait de leur marginalisation ?

L’acquisition des esclaves, « marchandise » ou outil de travail bon marché,  se faisait soit par la capture violente lors des incursions des marchands blancs à l’intérieur des territoires de la côte ouest-africaine soit par le biais de la négoce soit par du troc. Il y avait une petite mise en scène avant l’embarquement, tout esclave devait recevoir le baptême avant de prendre le bateau ; cette mise en scène avait pour objectif de flatter la conscience des marchands d’esclave chrétiens : portugais, espagnols, hollandais, anglais, français, pourtant vieilles souches du christianisme, ainsi que celle des colons déjà installés sur place là-bas sur des grandes terres et,  qui ne se priveront pas d’utiliser la dureté inhumaine à la sauce d’un christianisme édulcoré pour bâtir le capitalisme.

Cela prendra plus de 400 ans sans que la conscience chrétienne qui s’est finalement accommodée ne bronche. Cette bonne conscience chrétienne occidentale ira même jusqu’à interdire aux esclaves noirs d’apprendre à lire et à écrire ! On retrouve les pratiques de l’égyptien sur l’hébreu. Pourquoi ne briser que la chair sans toucher à l’intelligence d’où peut venir l’idée d’organisation et de résistance?

La colonisation de l’Afrique n’était-elle pas basée sur le même principe visant la culture de l’ignorance pour une meilleure exploitation de la population et de ses ressources tant humaines que naturelles au profit de l’Europe chrétienne ?

 

Le sous-développement

Des gens travaillent certes pour sortir du sous-développement et l’éradiquer afin de s’élever en dignité sociale ; mais en réalité ils subissent plutôt de plus en plus l’exploitation sans gène du plus fort, en l’occurrence du capitalisme.

Le sous–développement dans toutes ses formes est une autre forme d ‘esclavagisme. Dans son rapport annuel 1998 la Banque Mondiale (BM) a décrit les mécanismes et les causes du sous – développement d’une bonne partie de l’humanité assujettie ; cette humanité assujettie résident dans les pays moins avancés ‘PMA’. La BM  fait la description avec un soupçon d’hypocrisies et partage les torts ; d’une part elle dénonce les pratiques des dirigeants des (PMA) réfractaires à toute idée et toute notion du bien public ; … Avez-vous une idée des mécanismes et du traitement des ‘experts’ imposés des pays riches qui travaillent pour le développement des PMA? N’aggravent-ils pas exponentiellement le poids de la dette des PMA ?  Avec parfois des projets inutiles au prétendu développement. La corruption et les actes de prédation sont donc quelques unes des pratiques de l’esclavagisme. Le résultat de ces pratiques c’est que les peuples sont écrasés sous le poids énorme de la dette de leur pays, dette due aux intérêts d’emprunts accordés pour le développement.

 

L’artisan

 Le livre de Siracide ou Ecclésiastique dans la Bible version TOB ou autre de Tradition catholique, aux chapitres 38 et 39, décrit la supériorité du scribe sur l’artisan. La Bible dit en substance :

« Tous les artisans sont habiles chacun dans son propre métier; ils construisent la ville et les routes certes, mais ils ne participent jamais au conseil du peuple ; ils ne s’assoient pas sur le siège du juge ; on ne demande jamais leur avis pour ce conseil ; toute leur attention est rivée à parfaire le vernissage ; à traire les vaches ; à forger le fer matin et soir.

Mais il en va autrement du scribe qui s’applique à réfléchir sur la Loi du Très-Haut, qui étudie la sagesse des anciens et consacre son temps à scruter les prophéties ; il conserve les récits des hommes renommés et pénètre les détours des paraboles, étudie le sens caché des paraboles ; il voyage dans les pays étrangers et acquiert de l’expérience car , dit-il au chapitre 34 : 9-10 : un homme qui a voyagé a beaucoup appris et que l’homme d’expérience s’exprime en connaissance de cause ; et qui n’a pas été mis à l’épreuve sait peu de chose, mais celui qui a voyagé est plein de ressources. » 

Il ne fallait donc pas que l’esclave apprenne à lire ni à réfléchir ; et il fallait pour cela l’occuper à tout prix même rudement. Lui apprendre à lire le mènerait à voyager, en savoir plus et à revendiquer. Ce serait arrêter l’exploitation de la misère.

 

Le peuple hébreu d’aujourd’hui c’est le tiers-monde et, l’égyptien c’est le capital, le dieu de l’argent ; et l’argent c’est de la matière périssable dont la valeur est une convention spéculative sans état d’âme. Hier le pharaon a demandé à Moïse venu lui transmettre l’oracle du Seigneur : « Qui est le Seigneur ton Dieu pour que j’écoute sa voix en laissant partir Israël ? Je ne connais pas l’Eternel et je ne laisserai pas partir  Israël.» Et nous savons que le pharaon a fini par augmenter la cadence du travail et a exigé de chaque hébreu une production journalière croissante et optimale.

De même, aujourd’hui le capital financier se nourrit et ne peut survivre que de la croissance, sous-entendu du bénéfice, réalisé parfois au prix d’une guerre avec des armes de destruction massive. La guerre étant bien entendue l’un des moyens les plus rapides d’accroître ce capital.

Nous savons aussi d’autre part que les méga-fusions des grandes entreprises sont une forme de l’oppression pharaonique moderne : ce  sont des moyens qui répondent à une logique économique globalisante : pour survivre cette économie doit grossir; l’expansion a ses lois et ses règles qui sont  basées sur l’exploitation du plus faible.  La prédation n’est pas seulement animale;  elle est surtout humaine et a pris de l’ampleur dans l’entreprise avec la crise. Combien de petits pays se meurent incapables de supporter la charge, cette cavalerie sans pitié ? Peut-on s’attendre à un libérateur, à un Moïse des temps modernes ? Qui Dieu enverra-t-il pour apporter la liberté ?

 

Le libérateur

Les égyptiens se sont aperçus que bientôt le peuple des enfants d’Israël allait les surpasser en nombre! Ils craignent que ce peuple ne se joigne un jour à l’ennemi pour les combattre et qu’il ne quitte le pays. Une série de mesures répressives va à être mise en place pour en finir avec les enfants d’Israël. L’une des mesures sera le décret malthusien du Pharaon donnant un ordre macabre aux sages-femmes ; il fallait qu’elles surveillent et observent les naissances ; et qu’elles tuent tous les garçons à leur venue au monde!… Mais deux d’entre elles qui étaient pourtant païennes, dans une Égypte païenne, avaient la crainte de Dieu! Cette histoire tout comme la mésaventure d’Abraham avec le pharaon à propos de Sarah (Gen 12) sont une leçon divine ; elles démontrent que la Loi de Dieu est inscrite dans la conscience humaine de tout individu.  Ces deux femmes sont Chiffra et Poua ; elles refuseront de plier sous  l’ordre du pharaon qui leur demandaient d’étouffer les rejetons hébreux afin éteindre la race.  Il y avait une autre mesure : ce sont des corvées, des travaux extrêmement accablants, pénibles et avilissants. Leur utilité pratique visible est discutable. On pourra toujours justifier leur utilité sociale, civile ou militaire : l’hégémonie et l’expansion du régime pharaonique exigeaient des travaux de construction colossaux. Mais les corvées avaient aussi une utilité cachée ;

L’objectif était de toucher et de briser le subconscient par les humiliations et les brimades répétées, car en humiliant les hébreux l’égyptien cherchait et croyait briser du même coup leur moral.

On est dans la période de la construction de la puissance économique et militaire de l’Égypte ; les besoins en maçonnerie sont immenses ; il faut des briques pour construire les maisons privées, les bâtiments publics civils et militaires. Il faut des murs et des remparts pour fortifier des villes, pour faire des clôtures autour des édifices et des potagers du Delta... …C’était un travail à la chaîne, un travail  pénible qui exige la répétition impitoyable des mêmes gestes.  C’était déjà la servitude.

Un travail irrationnel et absurde que nous pouvait vivre Moïse prédestiné à faire sortir Israël de la servitude. A pharaon, il transmet les oracles de l’Éternel demandant de laisser partir le peuple dans le désert pour une célébration : « Permets-nous de faire trois jours de marche dans le désert , pour faire des sacrifices à l’Eternel, notre Dieu… » (Ex 3 : 18). Moïse demande donc au Pharaon de laisser les hébreux aller  à la rencontre de leur Dieu dans le désert; le rendez-vous est fixé à trois jours de marche dans le désert; mais le pharaon, conscient de la réalité de la vie dans le désert, demande à Moïse : « Mais qui est l’Éternel ? » - sous-entendu qui est assez fou pour amener tout un peuple sans rien dans un milieu si aride - et, croyant qu’il s’agissait d’un bluff de Moïse pour ménager les efforts presque surnaturels de son peuple, ou une façon de ralentir la cadence de production des briques à la chaîne, le même pharaon durcit la corvée imposée aux hébreux.

Quelle double souffrance psychologique pour n’importe quelle âme sensible à la douleur. Cependant l’enjeu dans ce travail « égyptien » n’était pas seulement la production à tout prix des briques en respectant le quota journalier; le véritable enjeu était d’écraser les hébreux, de les humilier, de les atteindre globalement dans leur corps et leur âme, de les dégrader et de suivre impassiblement le spectacle pour satisfaire les instincts bruts de l’homme. On découvre l’égyptien et la servitude.

 

La fin de la servitude

Au paroxysme de la servitude le peuple crie  et n’a qu’une envie : partir n’importe où ;  et loin de la main et de la vue du pharaon. Le cri est entendu : « J’ai vu les souffrances de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer… » Dis l’Eternel Dieu (Ex. 3 : 7). l’Éternel intervient donc et sort triomphalement le peuple hébreu de l’Égypte pour l’emmener dans la terre promise! En passant par le désert ! La libération est obtenue après un rude combat des dieux, combat entre le Dieu d’Abraham et les dieux égyptiens.

Ces derniers ont eu le mérite d’opposer une certaine résistance héroïque mais vaine. Le rendez-vous est fixé : la rencontre aura lieu dans trois jours aux pieds du Mont Sinaï dans le désert... Mais c’est finalement au bout de trois mois que la rencontre a eu lieu; le peuple exténué arrive et s’installe au pieds de cette montagne historique, enrobée par une épaisse nuée et de bruits fracassants; il faut se préparer saintement pour rencontrer Dieu. Une délégation de 70 personnes est désignée pour accompagner Moïse le meneur choisi pour rencontrer seul l’Éternel au sommet de la montagne ! Moïse, un homme d’exception, a eu ce courage extraordinaire de parler face à face avec Dieu !

 

Les leçons universelles de la traversée du désert.

Les leçons spirituelles, administratives, sociales, organisationnelles de cette traversée sont nombreuses.

D’abord Dieu va concrétiser son alliance avec le peuple à qui Il donne la loi au moment où les religions antiques demandaient très peu à l’intelligence, il suffisait de se fabriquer n’importe quoi et d’en faire son dieu .

Mais le Dieu de Moïse va assigner au peuple hébreu un impérieux devoir : de n’avoir qu’un seul Dieu ;  d’étudier sa loi et surtout de la mettre en pratique! Dieu met ainsi fin à une pédagogie d’accompagnement quelque peu infantilisant mais souvent brutal. Maintenant il y a une loi écrite; il faut que le peuple l’apprenne ; son existence en dépend.

Une bonne assimilation de cette loi doit se faire lorsque le fidèle est tout disposé à ne dépendre que de Dieu seul. Et cette disposition n’était réalisable que dans le désert. Ainsi, de milieu naturel aride et inhospitalier qu’il est en réalité, le désert va devenir le laboratoire expérimental de l’humanité dirigée et gouvernée par les lois divines ; le désert est alors ce lieu privilégié que Dieu se choisit pour que se réalise effectivement la rencontre décisive avec le peuple élu, porteur des promesses faites par l’alliance aux patriarches. La splendeur de l’Égypte rayonnante avec ses pyramides imposantes n’a pas suffi ; sa splendeur ne sera pas prise en compte et ne sera jamais un cadre idéal déterminant pour cette rencontre. Joseph devenu deuxième personne du règne pharaonique aurait pu bâtir un très haut lieu consacré au rassemblement de ses frères et  à la rencontre de ce peuple hébreu avec le Dieu de leurs pères.

Mais le passage en Égypte avait un autre objectif : il fallait transformer la descendance de Jacob en un peuple mûr capable de transporter et de transmettre à l’humanité toute entière les messages et les promesses divins.

La première leçon spirituelle à tirer : Dieu ne veut et ne peut rencontrer qu’un cœur aride, dépouillé, appauvri et buriné par la douleur afin de le rendre heureux ;  de ce fait  ce cœur reconnaîtra le bienfait et ne pourra plus que dépendre de Dieu seul ; car le cœur est amené à se tourner vers Dieu en tout moment .En cas de chute la miséricorde de Dieu est toujours là pour  reprendre si ce cœur revient à Dieu à n’importe quel moment,  dès le matin, ou à midi lorsque le soleil brûlant est au zénith, à la verticale sur la tête , et en pleine nuit lorsque le froid glaciale du désert fait frissonner.

Dépendre de Dieu en tout et pour tout, c’est mûrir sa foi.  La manne, cette nourriture providentielle et mystérieuse au goût multiple descendait du ciel, de nul part ; l’eau sortait des rochers secs ! Le Seigneur Jésus Christ le confirmera dans les Béatitudes : bienheureux les pauvres… Les besoins de la survie créent la dépendance ; la dépendance  crée des attaches avec le divin pourvoyeur  ;  c’est le lien de la foi dans le domaine spirituel. L’Eternel Dieu a voulu consolider ce lien. C’est le premier but recherché par ce passage dans le désert.

Le ramassage de la manne véhiculait un autre message de dimension spirituelle ; la restriction imposée par Dieu éveillait le sens du partage et de la solidarité ; la restriction combattait la gloutonnerie et l’égoïsme et cultivait l’amour du prochain et l’espérance. C’est pour cette raison que cette nourriture spéciale pourrissait en une nuit si quelqu’un cherchait à se faire des provisions pour l’avenir ; ou il le vomissait en cas  d’excès de table par goinfrerie. Il fallait cultiver et renforcer le sens du partage, de  la solidarité et de l’amour du prochain surtout en période d’extrême dénuement.

Le déplacement fréquent de l’arche et la transplantation du camp sont une autre leçon d’égalité de traitement dans le travail devant Dieu ; c’est aussi une leçon qui renseigne sur le danger que peut courir un sacerdoce sédentaire avec des risques d’abus de pouvoir et d’orgueil du dominant qui peut être tenté de passer pour un petit dieu .

Et toutes les formes de gouvernement ont été expérimentées pendant les quarante années du désert ;  seul a été retenu et survivra le gouvernement théocratique. La Loi de Dieu et les multiples commandements régiront la société israélite en tous points de vue. Ce qui fait qu’en Israël et en Juda,  tout manquement dans un domaine quelconque de la loi d’ordre moral, social, religieux, économique ou spirituel, touchait tout le pays et tout le système d’organisation sociale. Et le Dieu miséricordieux ne pouvait et ne faisait que « sévir » dans sa fidélité selon les prescriptions de cette loi. Mais pour être juste il faut dire que le péché se punissant lui-même, ce fait laisse quelque peu Dieu en spectateur.

En matière socio-économique par exemple, le sens du partage inculqué au peuple dans le désert sera mis en application une fois que l’installation en Canaan était devenue effective ; il était alors demandé aux hébreux propriétaires des champs de ne pas glaner partout en totalité mais de laisser un coin pour les pauvres, la veuve et l’orphelin. Le revenu minimum d’insertion instauré dans les pays développés en est un exemple.

 

P. Manzumbu

AS/L ECC France –  Archives – fevrier 2002

e-mail : pl.manz@wanadoo.fr

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