Imbroglio juridique et destin post-charismatique

 de l’Eglise du Christianisme Céleste

 

 

Ce texte [ 1 ] a été présenté par le

Dr. Afe Adogame, University of Bayreuth, Germany

 

à l’occasion de :

The 2002 CESNUR International Conference

Minority Religions, Social Change, and Freedom of Conscience

Salt Lake City and Provo (Utah),
June 20-23, 2002

 

 

Sommaire :

. 1Résumé. 1

Bref aperçu historique de l’ECC. 2

La structure hiérarchique de l’ECC. 2

La structure organisationnelle de l’ECC. 3

La structure financière de l’ECC. 3

Du menuisier au Prophète : les charismes de SBJ Oschoffa. 4

La pérennisation des charismes d’Oschoffa. 5

La mort d’Oschoffa et ses suites. La bagarre juridique. 6

Bonsoir sur la Terre, Bonjour dans les Cieux [ 46 ] :  le congé éternel de Abiodun Bada et de Philip Ajose  10

Répertoire des Notes explicatives 10

 

 

Résumé

 

Une affirmation qui reste ancrée dans les esprits et donne quelquefois lieu à des discussions animées sur les nouveaux mouvements religieux, est bien que la période immédiatement  postérieure à la disparition du fondateur-leader charismatique est propice à la disparition du mouvement, ou pour le moins fait apparaître de graves dysfonctionnements dans le mouvement nouveau-né.

 

L’Eglise du Christianisme Céleste (ECC) est certainement celui de ces mouvements indigènes « prophétiques et charismatiques » qui a atteint le plus haut niveau de notoriété dans les couches populaires et a connu la plus grande implantation géographique de l’ouest africain.

 

Elle est née en 1947 des visions et des prodiges charismatiques d’un « menuisier devenu prophète », Samuel Bilehou Oschoffa (1909-1985). Au cours des encore peu nombreuses décades de son existence, elle a transcendé toutes les frontières géo-ethnographiques  en rassemblant  des fidèles se comptant par plusieurs millions, et en créant plus de 5000 paroisses  disséminées partout dans le monde.

 

La mort du Pasteur-Fondateur en 1985 a provoqué une période de marasme dans l’histoire de l’ECC. Le présent document examine la période « post-charismatique » de l’histoire de l’ECC, celle qui a suivi la disparition du Pasteur-Fondateur. Il décrit la toujours actuelle crise juridique qui est née des suites de la disparition du Fondateur, il  explique comment l’ECC s’est efforcé d’assumer les problèmes de succession au niveau de la direction du mouvement, et comment elle a su maintenir et diffuser le caractère charismatique qui fait la spécificité de cette église.

 

Nota bene : les numéros entre crochets [ 1 ] renvoient aux notes explicatives situées en fin de document.

 

Bref aperçu historique de l’ECC

 

L’ECC représente une communauté religieuse charismatique qui a connu le plus large succès dans les couches populaires de l’ouest africain. L’ECC est apparue aux détours de la vie et des expériences et visions mystiques d’un personnage charismatique, Samuel Bilehou Oschoffa (1909-1985), négociant en bois de son état, qui naquit et grandit à Porto-Novo, dans l’actuelle République du Bénin. En 1947, Oschoffa proclame avoir vécu pour la première fois une expérience  bouleversante au cours de laquelle il rencontre Dieu, qui lui demande de fonder une Eglise. Le noyau de l’ECC se constitue à la suite de ces événements à Porto-Novo, puis l’Eglise se répand dans un premier temps dans toutes les villes et villages du Dahomey, devenu aujourd’hui le Bénin. Alors que le mouvement se diffuse au Bénin dès 1947, il commence son expansion au Nigeria pas plus de trois ans après, dès 1950, pour ne plus s’arrêter et connaître un succès et une notoriété planétaires, comme on peut le constater aujourd’hui dans le monde entier.

Au cours de la décade suivante de sa diffusion au Nigeria, l’ECC fait preuve d’une croissance fantastique à partir de sa base de départ de Makoko-Lagos, puis en investissant toutes les régions de langue Yoruba,  pour enfin s’étendre sur tout le territoire nigérian. Ensuite, en même temps que l’Eglise s’implantait en dehors du complexe géo-ethnique Yoruba dans les autres zones du pays, des paroisses étaient créées à la fois par des  fidèles Yoruba et non-Yoruba dans les autres pays de la sous-région ouest-africaine, à savoir  le Togo, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Ghana, le Sénégal,  et dans des pays plus lointains, aux USA, au Royaume Uni, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas et en France.

 

En 1975, l’Eglise pouvait s’enorgueillir de 150 paroisses au Nigeria, aussi bien que d’un afflux   constant de nouveaux membres dans la République du Bénin. Au cours de l’année suivante, l’Eglise totalisait un effectif de 254 paroisses dont 168 au seul Nigeria et 86 en dehors [ 2 ]. En 1977, le total se montait à 282, se répartissant en 194 au Nigeria et 88 en dehors. Une croissance géométrique fut enregistrée en 1981 avec un pic de 547 paroisses, 452 au Nigeria et 95 en dehors. Le nombre des paroisses et lieux de lecture de la bible enregistrés par l’Eglise, a connu encore une magnifique progression durant les trois années qui viennent de s’écouler. En 1994, 1995 et 1996, le nombre total des paroisses dans le monde s’est élevé respectivement à 1852, 1914 et 2051 [ 3 ] . Ces chiffres ne sont que partiellement représentatifs dans la mesure où ils ne recensent que les comptes officiels de l’ECC. Entre 1976 et 1996, le nombre des paroisses de l’ECC est passé de 257 à 2051. Selon ces chiffres, 1744 paroisses sont situées au Nigeria et les 307 autres sont dispersées dans le reste du monde, en Afrique, en Europe, aux USA, au Canada, et ailleurs encore.

 

 

La structure hiérarchique de l’ECC

 

L’organisation globale de l’ECC est structurée autour de l’autorité centrale du Pasteur (le Fondateur). En tant que chef à la fois des affaires spirituelles et administratives le Pasteur détient une autorité indiscutée sur tous les sujets, et justifie son autorité par les charismes dont il est seul dépositaire. L’organisation interne de l’Eglise se traduit par une structure hiérarchique complexe, qui pourrait être analysée en deux parties, les cadres supérieurs et les cadres inférieurs. Ces derniers (les cadres inférieurs), s’organisent selon une progression verticale à trois ordres séparés mais comportant des connections. Ce sont les ordres des Leaders, des Woliders et Wolijah (les Prophètes et Visionnaires),  et des Elders (Anciens). Bien que non nécessairement égaux en nombre de degrés, ces trois ordres parallèles se retrouvent tous égaux en niveau au dernier degré de leur hiérarchie : Superior Senior Leader, Superior Senior Wolider/Wolijah, Superior Senior Elder. Ils constituent le plus rang le plus élevé qu’il est possible d’atteindre par promotion à l’ancienneté. L’ordre des Leaders est exclusivement réservé aux hommes, les autres pouvant être au choix masculin et féminin. En conséquence, les membres qui ont atteint ces grades ne peuvent  espérer connaître par promotion simple des grades de degré plus élevé,  ceci sans tenir compte de ce qu’ils sont au service de l’Eglise à temps plein ou à temps partiel.

 

La possibilité d’être élevé aux grades de la hiérarchie supérieure  pour ces plus hauts gradés de la hiérarchie inférieure dépend de deux possibilités. La première réside dans la toute puissance de l’autorité du Pasteur qui selon sa convenance peut décréter l’élévation de qui il veut aux grades d’Assistant Evangéliste Honoraire, d’Evangéliste Honoraire, ou plus. La deuxième dépend de la survenance d’une vacance dans les rangs élevés de la hiérarchie supérieure. Une sélection à partir du grade de Superior Senior Leader, Superior Senior Wolider et Superior Senior Elder est opérée après un examen attentif de l’éligibilité des candidats par le Pasteur, assisté par un Comité  spécial de Conseillers du Pasteur (Constitution de l’ECC, p. 49-50). Des propositions d’élévation de gradés supérieurs des trois ordres à la hiérarchie supérieure peuvent être faites par les comités des paroisses au Pasteur. Toutefois, pour ce qui concerne les degrés ultimes, c’est le Pasteur qui choisit lui-même les récipiendaires à l’onction.

 

L’une comme l’autre des hiérarchies inférieure et supérieure peut en outre se décomposer en deux classes, les administratifs et les prophètes (voir le tableau du système des grades). Le Pasteur en vertu de son statut combine ouvertement les deux classes à la fois. Chaque Paroisse est dirigée par les deux classes, à savoir si le Chargé de paroisse est choisi parmi les Leaders ou les Anciens, le chargé en second sera issu des Woliders, et vice versa. De la sorte, ces deux types de gradés, conducteurs ou prophètes s’équilibrent harmonieusement au sein de l’Eglise.

 

Aux origines de l’Eglise, les membres disposant d’un emploi extérieur rémunéré ne pouvaient pas être élevés à un rang plus élevé que celui de Superior Senior Leader. Seuls les gradés qui se consacraient  entièrement  au service de l’Eglise pouvaient accéder à la hiérarchie supérieure. Mais on assiste aujourd’hui à des dérogations avec l’apparition des grades d’Assistant Evangéliste Honoraire, d’Evangéliste Honoraire, et de Senior Evangéliste Honoraire. Ces gradés constituent le « corps des technocrates » de l’ECC. Certains ont été jusqu’à qualifier les grades des Honoraires de « Officiers de Sécurité des Célestes » et aussi de « financiers » de l’ECC [ 4 ].

 

L’onction est un rite de passage qui a pour rôle d’introduire le fidèle dans la hiérarchie spirituelle, et lui permet ensuite de s’élever d’un grade à un autre. Tous les nouveaux arrivants sont gratifiés du titre de « frères » ou « sœur ». Ils doivent  persévérer pendant à une période minimum de deux ans à ce niveau avant de pouvoir recevoir leur première onction. Après leur onction inaugurale, le fidèle a la possibilité de gravir les échelons de l’un des trois ordres. Il peut devenir Aladura (frère ayant reçu sa première onction), ou bien, s’il s’avère être apte pendant ses premières années à transmettre des  visions et/ou des messages prophétiques reconnus authentiques, il peut lors de sa première onction et par autorité du Pasteur ou de son représentant être reconnu comme un Woly (prophète). L’administration des onction se renouvelle au moins tous les deux ans et permet de gravir tous les grades jusqu’au dernier de l’ordre auquel on appartient.

 

 

La structure organisationnelle de l’ECC

 

L’ECC Mondiale est dirigée à partir de sa direction générale internationale (international headquarters) située à la « Mission House » à Ketu-Lagos. La présidence de l’ECC (supreme headquarters) est située à Porto-Novo au Bénin en vertu de la naissance de l’Eglise en ces lieux. Le Conseil Pastoral (Pastor-in-Council), placé sous l’autorité ultime du Pasteur représente le niveau de direction de l’ECC le plus élevé. Le Conseil Pastoral est investi de la totalité de la machinerie du gouvernement de l’ECC. Il englobe les chefs de diocèse et leurs adjoints, le bureau des trustees, ainsi que de membres cooptés par le Pasteur, qui  assure la présidence du Conseil Pastoral (Constitution p.45). A la fin de 1997, Bada se livre à  une tentative « pour muscler les structures administratives et en instaurer de nouvelles afin d’obtenir une gestion plus efficace et une discipline interne plus ferme » [ 5 ], et il élargit la composition du Conseil pastoral. Il le fait passer à 50 membres, issus de toutes les localisations géographiques où il y a des paroisses, afin de représenter tous les intérêts et les corps constitués de l’Eglise. Pour la toute première fois, quatre femmes se retrouvent au sein de l’organisme législateur du plus haut niveau de l’Eglise [ 6 ]. Un Bureau des Trustees est rattaché à la seule autorité du Pasteur. Les  fonctions de ce Bureau des Trustee incluent en particulier la préservation des propriétés foncières et des territoires paroissiaux de l’Eglise. Il a la charge exclusive de la représentation de l’Eglise auprès des autorités de l’Etat, ainsi que des autres organisations de tous ordres. Le premier Bureau des Trustees était composé de Oschoffa, Bada, Ajanlekoko,  Adefeso, Owodunni, Ogunlesi, et Banjo. Sogbetun fut incorporé suite à la disparition du Pasteur-Fondateur en 1985 et au retrait « officiel » de Owodunni en 1994. Le Comité Mondial fut constitué comme un organisme complémentaire du Bureau des Trustees, en ré-agrégeant des factions diverses qui s’étaient fait jour dans la mouvance de l’Eglise après la mort du Fondateur. Les Comités Exécutifs Nationaux (National Executive Committees) furent mis sur pied dans tous les pays où des paroisses s’étaient établies dans le but de combler le fossé de communication entre les communautés des différents pays [ 7 ].

 

L’église est organisée en Diocèses : Nigeria, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, et les pays extérieurs à l’Afrique. Le découpage semble être établi à raison d’un diocèse par Pays, sauf pour ce qui concerne le diocèse des pays extérieurs.  A la tête de chaque diocèse est placé un Chef de Diocèse, et un Comité général qui administre et gère les activités et décisions du pays, des Zones, des Districts et jusqu’aux Comités paroissiaux  (Constitution, page 39). Il existe des Directions Générales d’état (State headquarters) au sein d’un diocèse, sauf dans les diocèse d’outre-mer qui correspondent au niveau d’un territoire. Dans les Diocèses tels que le Nigeria, une Direction générale d’état regroupe les Zones, Districts, et paroisses d’un état fédéral, avec à sa tête un Evangéliste d’état ou de région administrative. Dans les région nord et est du Nigeria où la présence de l’église n’est pas aussi  dense que dans le sud et l’ouest, plusieurs états fédéraux sont placés sous la charge d’un seul Evangéliste d’état. Conséquence du processus de modernisation de sa structure administrative, l’église fut amenée à créer des Districts pour subdiviser un Etat, à la tête desquels furent placés des Chefs de District [ 8 ]. Les paroisses d’un District furent à leur tour organisées selon un critère géographique en Zones, dirigées par un Evangéliste de Zone. Plusieurs Zones constituent un District.

 

Rameau final de cette hiérarchie, la paroisse constitue une entité représentative d’une congrégation ayant son identité propre. Sa direction est assurée par un Chargé de Paroisse (Oluso-agutan) et son adjoint. Le Chargé est considéré comme le représentant du Pasteur. L’équilibre entre le pouvoir spirituel et administratif est assuré au niveau de la paroisse en ceci que si le Chargé est issu de l’ordre des Leaders ou des Anciens, son adjoint sera issu de celui des Woliders, et vice-versa. Le fonctionnement au jour le jour est assuré par un Comité Paroissial de 33 personnes élues, assisté quelquefois par un Comité des Anciens. Le Comité Paroissial constitue le « gouvernement » de la paroisse. Il détient le pouvoir de délibérer sur la santé spirituelle, matérielle, financière de la paroisse et sur son développement. Il peut aussi statuer sur des mesures disciplinaires concernant les manquements mineurs qui affectent la paroisse. Les sanctions sévères à appliquer aux membres qui se sont dévoyés sont du ressort exclusif du Pasteur. Le Comité Paroissial peut faire des recommandations et les transmettre via les différents niveaux hiérarchiques jusqu ‘au Conseil Pastoral ou au Comité Général. Les mesures disciplinaires graves nécessitent sans exception leur ratification par le Pasteur.

 

 

 

La structure financière de l’ECC

 

L’église tire ses ressources financières du système des dîmes, et accessoirement d’autres sources. La paroisse est alimentée par les quêtes hebdomadaires recueillies lors des cultes, par celles de la Fête des Moissons et sa vente de charité annuelle, par des appels de fonds spéciaux,  les actions de grâce, les frais de voyage et les donations volontaires, pour ne citer que les principales. Les deux tiers du montant de ces ressources  sont reversés sous forme de contribution mensuelle à la Direction générale internationale (international headquarters). Chaque paroisse est redevable d’une obligation (church obligation) envers le Siège pastoral. Ces contributions mensuelles, connues sous le nom de ‘Revenus du Pasteur’ (‘Pastoral Returns’ ou ‘Pastoral Dues’), sont utilisées pour faire tourner la machine administrative. Elles sont redistribuées aux différents travailleurs de l’église sous forme de salaires et d’appointements, et sont aussi affectées aux dépenses d’administration de la Direction générale internationale.

 

Sont également tirées des Revenus de Pasteur les aides versées à la famille du Pasteur Fondateur, à celle Bada, et celles de quelques membres de la haute hiérarchie de l’église : Ajanlekoko, Salako, Sobowale. Une partie des redevances est gardée à part pour leurs frais de fonctionnement.  L’entretien financier de Oschoffa ainsi que celui de sa famille avant et après sa mort, est reconnu avoir été assuré durant toute sa vie au titre d’une règle intérieure jamais démentie. En 1984, le Pasteur réunit le sommet de la hiérarchie et donna ses instructions sur la manière dont sa famille devait être entretenue et ce qu’elle devait recevoir après sa mort. Il stipula que durant une période de 25 ans après sa mort, tous les enfants de moins de 20 ans devaient recevoir une pension alimentaire correcte de l’église [ 9 ]. Le fait que ces dispositions sont toujours strictement respectées par les autorités de l’église est une autre preuve que les charismes d’Oschoffa restent actifs.

 

Il existe d’autres sources de revenu pour la Direction Générale internationale (International headquarters) :

  1. la moitié des revenus des Fêtes des Moissons de toutes les paroisses dans le monde, tant celles des enfants que celles des adultes (quêtes et ventes de charité),
  2. les frais de baptême et d’onction de toutes les paroisses,
  3. les revenus de toutes les publications de l’église,
  4. les fonds de développement de l’église (tel celui pour le développement de la Cité Céleste),
  5. toutes donations volontaires,
  6. toutes contributions demandées par les autorités de l’église.

 

Aucune pression n’a pu être réellement constatée à ce jour, s’exerçant sur les membres par les organes dirigeants de l’église, pour obtenir le versement de ces contributions. Les membres considèrent leurs versements, qu’ils font volontairement, comme la part dont ils doivent s’acquitter dans le contrat qu’ils ont passé avec leur Dieu. Les montants donnés sont supposés proportionnels au montant des bénédictions divines qu’ils reçoivent en retour.

 

 

Du menuisier au Prophète : les charismes de SBJ Oschoffa

 

Max Weber a adopté et popularisé les concepts de charisme et  « charismatische Herrschaf » dans le discours sociologico-scientifique, en lui donnant un statut éminent dans sa sociologie des religions et sa sociologie politique [ 10 ]. En adoptant cette nouvelle acception du charisme comme un don divin, il a mis également en relief le « Gottesgnadentum » qu’il traduit par « les dons gratuit de la Grâce » [ 11 ] qui peuvent être reçus en dehors de l’ordination, et exercé en dehors de l’église officielle. Son regard se concentrait principalement sur la croyance affirmée par  les fidèles en les pouvoirs détenus par un tel leader religieux,  et sur celle du leader lui-même en ses propres pouvoirs. Rappelons le point de vue de Weber, que l’on peut résumer par ses définitions les plus souvent citées :

Le terme charisme sera utilisé pour caractériser la qualité d’une personnalité individuelle qui fait qu’il est considéré comme quelqu’un d’exceptionnel, (ou mis à part des autres hommes ordinaires), et traité comme quelqu’un qui est investi de qualités ou pouvoirs surnaturels, ou surhumains, ou au moins exceptionnels. Ces pouvoirs sont vus comme non accessibles aux hommes ordinaires,  et considérés comme de provenance divine ou  comme un don exemplaire, et qui vaut à la personne qui en est doté d’être considéré comme un Chef. D’un point de vue primitif, cette sorte particulière de qualité est sensée reposer sur des pouvoirs magiques, ou encore sur des capacités de voyance, ou correspondre à des personnes réputées pour leur dons de guérison, ou de sagesse en matière de justice, ou d’exploits à la chasse,  ou d’héroïsme à la guerre. La seule chose qui soit importante est la manière dont est en réalité perçu cette personnalité par ceux, les « fidèles » ou les « disciples », qui apportent leur soumission à l’autorité de qui émanent ces manifestations de charisme.(Weber 1947 : 358-9).

D’après les affirmations et témoignages des fidèles d’Oschoffa et aussi de quelques non fidèles concernant la nature de son travail et de sa personnalité, Oschoffa correspond clairement à la description de Weber de la typologie du leader charismatique, investi de qualités ou pouvoirs surnaturels, ou surhumains, ou au moins exceptionnels (Weber 1978: 241). La Constitution de l’ECC (1980) en sa deuxième version établit que : « L’Eglise du Christianisme Céleste est une partie de la sainte Eglise spirituelle, universelle, unie, indivisible, qui est descendue des Cieux sur la Terre par ordre divin…par le truchement d’une personne seule, un homme qui est le fondateur de l’église, le Révérend Pasteur, Prophète Fondateur Samuel Bilehou Joseph Oschoffa. » (Constitution, p. 2)

 

L’interaction et le renforcement entre la confiance en soi du leader d’une part, et la dévotion de ses fidèles est un pré requis pour la validité du charisme. Weber souligne le rôle de la reconnaissance et des actions comme les deux indispensables critères pour  « die geltung der charisma », comme il l’explique : « Si ceux pour qui il se sent missionné ne le reconnaissent pas, sa mission échouera. S’ils le reconnaissent, il sera leur maître tant que ses actions les conforteront dans leur reconnaissance » (Weber 1968 : 1113). A l’évidence, il est obligatoire pour un leader charismatique de sans cesse manifester ses pouvoirs charismatiques. Tout ce que tout le monde a dit d’Oschoffa avant et après sa mort s’avère en ce qui le concerne une confirmation éclatante de l’affirmation précédente. La plupart des observateurs scientifiques des nouvelles religions ou des mouvements charismatiques en tant que faits de société s’accordent pour estimer  que  de tels témoignages sont décisifs pour le leader charismatique, dans la mesure où cela le conduit à être influencé par la conviction de ses fidèles en la réalité de ses charismes et de son autorité.

 

Le statut charismatique d’Oschoffa peut également être considéré à travers les différents titres dont il a été  gratifié. Tout au long de sa vie, il a été connu et désigné  comme « Révérend, Pasteur, Prophète et Fondateur ». Le fait que tous ces titres ou charges étaient combinés par lui seul est une caractéristique unique qu’on ne trouve pas souvent dans la plupart des églises nées en Afrique. La combinaison  de ces « titres » et de ces « charges » sur la personne du Prophète Pasteur, dès les premières années de l’église, démontre la double existence d’une autorité charismatique, et d’une autorité sacerdotale qui s’exerce sur un clergé et une administration organisés. La Constitution de l’ECC donne une image vivante de cette coexistence et de la complexité de la hiérarchie créée par le Pasteur lui-même. Elle se traduit essentiellement par deux  parties principales : la première section contient l’histoire de la fondation et les ordonnances concernant la croyance et les rites, la deuxième documente la structure administrative et la hiérarchie de l’église. C’est à travers cette complexe mais efficace machinerie que l’église sera dirigée et maintenue par le Pasteur tout au long de sa vie, et même après sa disparition.  Oschoffa n’a pas seulement combiné charismes et autorité depuis la genèse du mouvement, il a su garder cohérente et unifiée face aux charismes la structure qu’il avait mise en place. Olupona a déclaré avec justesse quelque part que «  la coexistence à la fois de l’autorité charismatique et du clergé administratif, observable dans l’Eglise Céleste depuis ses débuts, n’est jamais autant visible que dans le double titre du fondateur de l’église » [ 12 ].

 

L’articla 108 de la Constitution souligne le statut du Pasteur :

Le Pasteur, en tant que l’ultime chef spirituel de l’Eglise du Christianisme Céleste dans le monde entier, est seul investi de l’autorité unique, ultime et absolue sur tous les sujets pouvant affecter la vie de l’église, que ce soit en matière de projets, d’organisation, de définition ou de propagation de la  doctrine, de l’éducation, de la législation ou de la discipline, et cela quelque soient les termes de la présente constitution » (Constitution P36). La totalité de la construction de l’église, en termes de structures ou d’organisation, tourne autour de la seule personne du Pasteur Fondateur.  Cette prérogative unique attribuée au Pasteur par la Constitution a aidé dans une grande mesure à faire jaillir chez les fidèles, et à rallumer, les sentiments de loyale obéissance et de soumission envers lui. Durant toute la vie d’Oschoffa, son autorité a été perçue comme sacro-sainte et impossible à remettre en question [ 13 ]. C’est ce qui explique qu’aucune tentative de schisme ne s’est déclarée durant son règne. La structure hiérarchique est élaborée et difficile à saisir facilement, comme expliqué plus haut. Bien que la Constitution ait remis entre ses mains de chef et de leader unique une autorité absolue et irréfragable, il n’en a pas moins créé une structure de pas moins de 12 niveaux de grades. La structure de l’église peut se lire selon deux lignes, celle des prophètes et celle des leaders. Néanmoins, tous les agissements demeurent subordonnés au Pasteur-Fondateur qui reste le seul responsable et dispose de la décision ultime sur tout affaire  concernant l’église et ses membres.

 

L’attitude de révérence adoptée par ses disciples envers Oschoffa n’a pas disparu après la mort du Pasteur. Au contraire, nous avons constaté durant notre étude qu’à l’occasion de la grande commémoration annuelle organisée en son honneur, ou en d’autres circonstances, ou lors de cultes à l’église, la simple prononciation de son nom pouvait plonger des fidèles en prière dans des transes, des tremblements et agitations, et des émissions de cris et de parlers en langues [ 14 ]. Au cours de la cérémonie de ses funérailles, un journal local rapporta le témoignage d’un membre de l’église sur cet événement « comme étant celui de la mort d’un Dieu » [ 15 ]. Beaucoup de fidèles déclarèrent avoir assisté à des phénomènes extraordinaires durant cette cérémonie apportant la preuve des pouvoirs spirituels et surnaturels du Pasteur. La tombe du Fondateur fut assiégée aussi bien par des fidèles que par la foule des non célestes. Elle est devenue une cible  pour ceux qui sont en quête de pouvoirs spirituels, si bien que l’église a dû émettre des avertissements envers les fidèles et leur interdire d’emporter les carreaux de marbre de la sépulture ou le sable qui entoure  la tombe d’Oschoffa [ 16 ].

 

Comme je le disais par ailleurs,

« cette pléthore de charismes et ‘d’autorité sans conteste’ du Pasteur, telle qu’elle est enchâssée dans la Constitution de l’ECC, et cela se retrouve dans d’autres religions et d’autres mouvements, peut s’avérer rentable, et tout à la fois peut, à l’épreuve du temps, se révéler un obstacle lorsqu’il s’agira de pérenniser les actes du mouvement, d’élargir la base, et de passer à des méthodes plus modernes de gestion de la congrégation. Le côté difficilement praticable des dispositifs de la Constitution dans l’optique de la succession  à la charge de Pasteur après le décès d’Oschoffa, et la crise de direction du mouvement qui s’en est suivie ne peut être rejetés ou ignorés. D’aucuns pourraient arguer sur ce point que aussi longtemps que ces dispositions sur la succession, qui font que la nomination et la proclamation du futur Pasteur restent le privilège et la prérogative exclusive du Pasteur en fonction, demeureront inchangées dans la Constitution, elles constitueront un risque de conflits qui pourraient être la source d’un schisme au sein de l’ECC » (Adogame 1999 : 54). 

 

 

La pérennisation des charismes d’Oschoffa

 

Ce que Weber a appelé ‘Die Veralltäglichung des Charisma’ est traduit aujourd’hui par la pérennisation des charismes  [ 17 ]. La pérennisation des charismes met en œuvre la transformation d’un processus qui est originaire d’un moment außeralltäglich c’est-à-dire ’hors du quotidien’, (exceptionnel, miraculeux),  pour le faire exister dans l’espace du quotidien (la vie banale et routinière de tous les jours). Weber était passionné par la problématique théorique et le sens du phénomène de la pérennisation. La plupart de ses travaux sur les charismes sont consacrés à l’étude des voies par lesquelles « le problème de la succession » se pose, et par lesquelles le groupe se met à manifester le caractère d’une relation permanente qui le transforme en une communauté stable [ 18 ]. Cette transformation devient généralement apparente lorsque la personne du leader charismatique disparaît, et donc lorsque se pose inévitablement la question de la succession. La façon dont ce problème est vécu est très importante, à savoir si tous les membres du groupe y sont confrontés et que le groupe continue d’exister. De ce vécu dépend la nature de la relation qui va se créer au sein du groupe par la suite (Max Weber 1947 : 364). Indéniablement influencé par les travaux de Weber, Toth (1981 : 54) affirme que  la pérennisation des charismes  est fondamentale pour la réussite dans la conduite de sa vie par tout homme, aussi fondamentale que l’ordre, la signifiance (le sens), et le sentiment d’appartenance , dont la légitimité rassure.

 

Le problème de la succession dans la pérennisation des charismes est généré dans la plupart des cas par la disparition brutale du leader charismatique fondateur, et c’est le cas de l’ECC, et cela met en danger l’ensemble de l’édifice de la réalité socialement construite. Weber (1947 : 371) note avec raison que le mécanisme de la pérennisation n’est en aucune mesure lié avec celui de la succession, et n’est pas résolu lorsque la succession a trouvé sa solution. Ceci est primordial car  par là apparaît le fait que le mécanisme passe par la pérennisation  de la structure comme point de mire central charismatique.

 

En considérant l’histoire de l’église sous l’angle des charismes et de leur pérennisation, nous pouvons affirmer  ici que l’ECC a  pérennisé avec succès la transmission de ses charismes, même si cette pérennisation n’a pas commencé avec le problème de la succession. Comme nous l’avons souligné plus haut, les titres de Révérend,  Pasteur, Prophète et Fondateur attribués à la personne d’Oschoffa depuis la naissance du mouvement démontre très largement la mixité se son pouvoir qui est à la fois celui d’une autorité charismatique et du chef d’une organisation sacerdotale. Il a exercé sa double qualité de « chef des prêtres » et de « prophète » tout au long de sa vie. La structure hiérarchique et administrative mise en place durant la vie du Pasteur a fonctionné de bout en bout, même si le Pasteur Fondateur a toujours été considéré comme le seul détenteur de l’autorité ultime sur toutes les affaires de l’église.

 

Bien que Weber ait exposé clairement le processus de pérennisation à la suite de la disparition d’un chef de mouvement, l’histoire de l’ECC révèle des signes de pérennisation des charismes d’Oschoffa déjà de son vivant ( à savoir le fait que Bada ait entrepris une tournée outre-mer). En conséquence, on pourrait affirmer que le processus qui a commencé avant la mort d’Oschoffa a connu un tour encore plus évident lorsque les membres durent affronter la dure réalité que la mort du Pasteur fit surgir devant eux. Un autre signe de cette institutionnalisation au sein de l’église peut être décelé dans la signification de la création d’Imeko comme Cité Céleste.

 

La pérennisation commencée par Oschoffa continua après sa mort par son successeur le Pasteur A. A. Bada. La période 1987-2000 a été pour l’ECC une véritable époque de crise de direction. Une des conséquences les plus significatives de cette crise se traduit par un sentiment de division dans la loyauté envers les autorités de l’église, et l’indiscipline sévit chez  de nombreux  fidèles de base. Plusieurs paroisses furent accusées d’avoir refusé de verser leurs obligations financières envers l’autorité centrale, et également de s’être partiellement abstenues de participer aux activités générales du programme de l’église. Un des faits les plus marquants de cette période fut celui du recours à la justice que Alexandre Bada  dénonça comme la cause majeure du fractionnement de l’église [ 19 ]. La bataille juridique au sein de l’église peut être considéré comme l’étincelle qui a mis le feu aux tendances schismatiques et qui donna naissance aux multiples tendances par la suite. Il faut préciser ici que l’existence de tendances  au sein du courant majoritaire était avérée du vivant du Pasteur, mais cela prit une ampleur sans précédent durant  la période après sa mort,  et tout spécialement durant l’imbroglio de la crise de la direction de l’église.

 

On peut affirmer que si l’inter-règne eu des conséquences à long terme sur l’avenir de l’église, cela ne causa aucun traumatisme majeur et ne provoqua aucune rupture grave ni de blessure fatale pour l’église elle-même. Certains événements survenus durant cette période laissent penser qu’en fait l’Eglise s’est même trouvée renforcée en se confrontant à certains de ces problèmes. Par exemple, la série de lettres et les multiples messages adressées à plusieurs reprises pour solliciter des membres de l’ensemble des paroisses un soutien inébranlable et un engagement envers l’Eglise des origines, durant le déroulement de la crise du pouvoir. Les événements entourant la mort du Fondateur et durant la décade qui a suivi dénote l’interprétation de son rôle aux yeux de ses successeurs ainsi que l’ajustement institutionnel  et les réponses individuelles  à son absence. Leurs réponses sont révélatrices de la nature du paradigme religieux que le Pasteur Oschoffa avait créé, un système qui pouvait survivre sans sa présence. Un témoignage de la pérennisation  que l’on peut observer dans l’Eglise après la mort du fondateur est l’initiative prise par le Bureau des Trustees pour combler le vide produit par sa disparition. La nomination d’Alexander Bada en tant que Pasteur fut accomplie par les Trustees  environ trois mois après la mort d’Oschoffa, mais il fallut attendre sa ratification par une « approbation générale » et une  « acclamation du peuple » par l’ensemble de la Congrégation lors de l’Assemblée de Noël à la Cité Céleste  à Imeko le 17 et le 25 décembre 1985. Bada fut installé officiellement et intronisé comme Pasteur le 24 décembre 1987, peu de temps après qu’un membre des Trustees eut lancé une action en justice contre lui et le Bureau des Trustees, contestant le caractère constitutionnel  de sa nomination et de son installation.

 

Une étude approfondie du mécanisme de la pérennisation des pouvoirs dans le contexte de l’Eglise du Christianisme Céleste se justifie dans la mesure où c’est dans cette perspective que Bada le second leader émerge pour jouer son rôle éminent. Weber (1947 :370) souligne ce point dans son ‘Wirtschaft & Gesellschaft’, lorsqu’il dit que :  « Le charisme est un phénomène  typique des mouvements religieux prophétiques…dans leurs période de jeunesse. Mais aussitôt que le pouvoir a assis  son autorité, et surtout aussitôt que la maîtrise est assurée sur la grande masse du peuple, il laisse place aux force de la routine quotidienne ».
C’est dans l’existence très factuelle d’un deuxième leader charismatique que la pérennisation devient possible et réalisable. En d’autres termes, le passage du pouvoir charismatique à la routine est mieux assuré par l’arrivée d’un deuxième  leader quelque peu moins charismatique que le fondateur, mais encore assez charismatique pour permettre la transition et asseoir sa légitimité [ 20 ]. Oschoffa en tant que première figure charismatique mit en place et assura la continuité de sa vision particulière de l’Eglise. Bada en tant que successeur et seconde figure charismatique apparaît pour assurer la continuité  de ses caractéristiques charismatiques, pour mettre sur pieds la machinerie quotidienne qui permet aux choses de tourner rond, et s’assurer de son bon fonctionnement. Ainsi, « la pérennisation se fait jour non pas seulement en raison des qualités ineffables du charisme mais en raison d’une certain nombres de besoins à satisfaire, associés à la nécessité de poursuivre le maintien du système social » (Toth 1891 :120).

 

Bada exerça le pouvoir dans l’Eglise après la mort d’Oschoffa ; il est clair qu’il ne fut pas le créateur du rôle de leader charismatique qu’il a assumé. Au contraire, il endossa un rôle dont les perspectives avaient déjà été définies avec précision, et il l’assuma avec une manière admirable envers tous ses proches. Le caractère humble de Bada attira des disciples dotés d’un tempérament similaire.  Il fit savoir qu’il était favorable à une élaboration collective des décisions. Cela permit le  développement d’un système effectif ‘d’autorité institutionnalisée’, auquel Bada lui-même se soumis dans une large mesure, mais cela lui occasionna d’être critiqué, affaiblissant ainsi l’aura du deuxième leader charismatique. Bada introduisit quelques ajustements au niveau de l’institution et intensifia l’enseignement évangélique au sein de l’église. A côté de ses dons d’organisateur et d’évangéliste, ‘exceptionnels’ comparés à ceux de son prédécesseur,  Bada manifesta de réels charismes dont il existe de multiples témoignages par des fidèles ou des non fidèles,  qui consolident leur croyance en lui comme Pasteur charismatique doté de véritables pouvoirs spirituels de guérison.

 

 

La mort d’Oschoffa et ses suites. La bagarre juridique.

La période qui suit immédiatement la disparition du fondateur/leader d’un groupe est critique, c’est une période qui généralement conduit à des dysfonctionnements majeurs et a souvent des conséquences néfastes  sur le groupe lui-même. Le problème de la succession est souvent déclaré et vécu comme le traumatisme déterminant en de telles circonstances [ 21 ]. Oschoffa décéda le 10 septembre 1985, 10 jours après qu’il soit victime d’un accident de voiture effroyable, avec son chauffeur et trois de ses assistants, alors qu’ils se rendaient à Ibadan pour y assister à un programme de l’église. On a rapporté qu’il est mort alors qu’il était en train déjà de bien récupérer du choc de son accident, à l’hôpital. Le fait que l’annonce de sa mort retint l’attention dans le monde entier [ 22 ] est le signe de la notoriété et de l’étendue de l’implantation que l’église avait déjà connues au cours des quatre décennies du règne d’Oschoffa. Il fut enterré le 19 octobre 1985, dans sa ville de naissance, Imeko, au milieu des pompes et de l’apparat. Cela correspondait à son souhait de reposer auprès de sa mère, dans la terre de sa famille ; et d’avoir sa tombe mise à part comme un endroit sacré et un lieu de pèlerinage [ 23 ].

 

Le fait que ces directives furent suivies fidèlement par ses successeurs montre bien que Oschoffa avait démarré le processus d’institutionnalisation de son vivant. La démonstration peut-être la plus significative que l’église était déjà engagée dans ce processus est le côté imprévu de la mort de son Pasteur –fondateur. Sa mort constitua un tournant dans l’histoire de l’ECC. S’il avait plus vivre plus longtemps ou s’il avait pu respecter tous les dispositifs de la constitution concernant la transmission du pouvoir, il aurait épargné à  l’église qu’il laissait derrière lui les affres inhérents à un interrègne. Oschoffa a-t-il pressenti dans quels problèmes insolubles il laissait ses successeurs ? Il n’est peut-être pas loin de la vérité d’affirmer qu’il n’eut aucune prémonition de sa mort, quand bien même certains prétendent le contraire.  Quoi qu’il en soit, avec sa mort, l’ECC  s’est retrouvée dans l’obligation de se confronter avec la succession du pouvoir, avec le maintien de la continuité, et avec la pérennisation des charismes. Il est étonnant de relever que pendant environ deux années l’ECC connut une transition relativement douce et réussie pour une nouvelle conduite du pouvoir,  après la disparition de son fondateur et chef charismatiques en 1985.

 

Mais par la suite, une série inattendue d'événements internes dramatiques interrompirent ce calme et plongèrent les membres dans une succession de désaccords et de controverses sans fin. Au nom de proclamations perçues par les fidèles comme ayant été faites sur « ordre de Dieu » par le Pasteur-Fondateur (Cf. Constitution p.2), le mode de succussion au poste de Pasteur (comme décrit dans l’article 111 de la Constitution)  étendit l’éligibilité à n’importe quel rang de la hiérarchie.  L’article est le suivant :           

SUCCESSION AU POSTE DE PASTEUR

111. Attendu que le Prophète Pasteur Fondateur de l’Église du Christianisme Céleste à proclamé publiquement que par inspiration divine, il lui a été révélé ce qui concerne le mode de désignation ou de sélection d’un successeur au poste de Pasteur et Chef Spirituel Mondial de l’Église du Christianisme Céleste; il est fermement établi que :

1- Le Successeur au poste de Pasteur et Chef Spirituel Mondial de l’Église du Christianisme Céleste peut être de n’importe quel rang dans la hiérarchie de l’Église et devra, au moment choisi par Dieu pour le révéler à celui qui occupera alors le poste de Pasteur, être nommé et proclamé comme successeur.... (Constitution ECC, p. 37)

 

Trois points sont à noter dans cette clause conditionnelle à savoir, l’éligibilité au poste,  la révélation par Dieu du successeur au Pasteur en place, la nomination et la proclamation du nouveau Pasteur. Ceci  signifie par conséquent que la nomination et la proclamation d'un successeur ne peuvent être faites que sur "une inspiration divine" reçue et révélée par le Pasteur en activité. Cela présuppose également que l’éligibilité pour le poste n'est pas limitée au collaborateur le plus haut gradé du Pastor-Fondateur mais inclut n’importe quel rang dans l'église. Il est extrêmement probable qu'Oschoffa avait une idée du degré de  sensibilité que la question de sa succession à la tête de l’église pourrait revêtir, et pressentait à quoi l’ECC allait ressembler après sa disparition. Une telle clause constitutionnelle a été probablement prévue par le Fondateur pour garder la question de sa succession ouverte aussi longtemps qu'il vivrait. Un regard critique sur ces dispositions constitutionnelles révèle la présence de passages flous, car il n'est pas pris en compte le fait que la mort soudaine du Pasteur en place rendra inopérante la clause appropriée, pour donnera naissance aux désaccords de personnalités, aux  luttes pour le pouvoir, aux dissensions et finalement au marasme. Juste comme dans tout autre groupe ou organisation, ces lacunes ont eu pour  conséquence d’ébranler à sa base même l'unité du mouvement qu'Oschoffa avait édifiée par son charisme personnel. C’est sur ces circonstances qu’un des successeurs d’Oschoffa se lamentait en faisant le constat que « Oschoffa, un homme doté d’une telle élévation spirituelle, n’avait pas le droit de donner en héritage à son église une telle situation de confusion » … [ 24 ]

 

Cependant, quoique Oschoffa n'ait pas désigné et n'ait pas proclamé son successeur avant sa mort, plusieurs de ses suivants se livrèrent à un examen minutieux de toutes  ses déclarations publiques pour en extraire les indications qui pouvaient révéler qui serait le successeur. Et c’est Alexander Bada qui le premier a été officieusement pressenti, puis accepté par beaucoup comme successeur du Pasteur-Fondateur, en vertu de son statut de Suprême Evangéliste, qui était le grade le plus élevé après celui de  Pasteur. Il était en fait le seul Suprême Evangéliste que l’église possédait. On remarqua également qu’il avait été le premier Leader nigérien à recevoir l’onction par Oschoffa. Par conséquent, en raison de ce qu’il était proche du Pasteur, et considérant sa longue ancienneté dans l'église, il fut désigné comme héritier évident, à la majorité des membres, malgré les dispositions constitutionnelles. Par ailleurs, dans une lettre d'Oschoffa daté du 29 octobre 1982 nommant Philip Ajose en tant que Supérieur Evangéliste, il est indiqué : ...  « Je vous précise que juste au-dessus de vous dans l'ordre de l'ancienneté, il y a trois personnes qui sont sous mon autorité supérieure – à savoir - Suprême Evangéliste A.A. Bada, Supérieur Evangéliste Agbaosi, Supérieur Evangéliste S.O. Ajanlekoko. J’ai une confiance absolue en eux, de jour comme de nuit. Lorsque moi-même, Fondateur Révérend S.B.J. Oschoffa, Bada, Agbaosi, Ajanlekoko, et vous Ajose, nous nous réunissons, nous constituons la plus Haute Autorité dans l'Eglise du Christianisme Céleste dans le monde entier »...  Dans une autre correspondance au Supérieur Evangéliste Ajose datée du  23 avril 1984, Oschoffa a réitéré sa précédente remarque quand il a affirmé entre autres: ... « Je souhaite vous faire savoir... que dans toute l'Eglise du Christianisme Céleste, il y a seulement un Suprême Evangéliste et trois Supérieur Evangélistes... Je vous explique maintenant que parmi ceux que j'ai énumérés, le seul qui dispose d’un peu plus d'autorité que vous, Supérieur Evangéliste, est le Suprême Evangéliste A.A. Bada, qui avec le même respect et amour qu’il y a chez vous-même s’entretiendra avec vous de tous les sujets, comme je le fais avec vous, et que de votre côté vous devrez servir avec respect et amour. [ 25 ]

 

La question qui vient tout de suite à l'esprit devant ces remarques est la suivante : Pourquoi  Oschoffa met-il tant d’importance sur l'ordre de l'ancienneté dans l’ECC? Cela signifierait-il qu’une lutte interne sévissait déjà parmi ceux qui se considéraient comme les plus anciens de l’église ? Quoi qu’il en soit, la plupart des dignitaires déduisirent que ces éléments  constituaient une indication d’Oschoffa sur qui devrait assurer sa cession.  Que ce soit ou non  le cas, un point demeure très clair de la directive ci-dessus du Pastor-Fondateur. D'une part il présuppose au sein de son "premier cercle" une polémique ou un conflit larvé sur l’ordre d'ancienneté ou le rang dans la hiérarchie. D’autre part, on verra plus loin qu’elle a servi à confirmer et renforcer l’ordre hiérarchique ou la ligne de commandement de l'église. [ 26 ]

On a dit qu'Oschoffa avait à nouveau réexposé l'organisation mise en place et indiqué l'ordre hiérarchique de la Direction de l’ECC lors de  la cérémonie annuelle de Noël à Imeko en 1984, au moment de sa prédication à l’ensemble des fidèles. On a dit qu'il avait à cette occasion fait des reproches à certains de ses collaborateurs qui faisaient preuve d’ignorance au sujet de l'ordre d'ancienneté de la hiérarchie supérieure [ 27 ].

 

On doit noter que bien qu'Oschoffa ait utilisé cette occasion pour revenir sur la question de l'ordre hiérarchique de l'église, il n'y a eu aucune preuve ou trace qu'il ait nommé et proclamé catégoriquement son successeur lors de cet événement. Les déductions faites à partir des déclarations et des indications publiques données par le Pastor-Fondateur pendant sa vie contredisent l'article III, sous-section (i) de la constitution de l’ECC qui ne permet à Bada aucune possibilité d’accession automatique au poste comme  successeur. Ce n’est pas que la constitution interdise la succession au dignitaire de rang le plus haut dans l'ordre hiérarchique de l’église. Au contraire, elle a étendu l’éligibilité à n'importe quel rang de la hiérarchie de l'église. Ceci signifie que n'importe quel membre de l’église, y compris le dignitaire le plus ancien dans le grade le plus élevé, est susceptible de devenir le successeur du Pasteur, si et seulement s'il était révélé au Pasteur comme candidat désigné par "l'inspiration divine".

 

 Il est significatif de relever que peu après la mort de Papa Oschoffa, en octobre 1985, un homme simplement identifié comme Amu, non membre des Chrétiens Célestes, prétendit avoir rencontré le défunt Pasteur-Fondateur pendant le jour, dans la brousse près de la frontière entre les états Ondo et Ogun du Nigeria. Ceci se passait, comme chacun le sait, alors que le corps de Papa Oschoffa reposait dans une morgue à Lagos, puisqu’il a en effet été enterré le 29 octobre 1985. Cet homme Amu a également prétendu avoir reçu un message spécial du Pasteur Fondateur d’avoir à informer l’ensemble de l’ECC que Bada est son successeur. Ceci a été révélé à deux occasions, d'abord lors d'une réunion des chefs de l’église où l’on a proclamé que son message a été bien reçu par tous les membres présents. Deuxièmement, il a assisté au culte de la Fête des Moissons à la paroisse de Ketu , grâce à l'annonce précédente. On a dit qu'il porte une bible avec laquelle il a juré qu'il ait vu Oschoffa dans le buisson qui lui a révélé Bada en tant que son successeur, et qui lui a donné trois objets (une croix en bois, des coquilles de corie, et un bâton de bougie) à remettre à Bada [ 28 ]. La déclaration d'Amu a été acceptée par la congrégation de l’ECC quoiqu'il ait été un élément extérieur à l'église. Apparemment, la majorité des proches d'Oschoffa a considéré comme vraie l'histoire racontée par Amu de sa rencontre avec le défunt Pasteur Fondateur. Cette acceptation n'est probablement pas étrangère à la croyance largement répandue dans le contexte culturel Yoruba que les fantômes des personnes décédées peuvent apparaître aux êtres humains vivants. Elle  souligne simplement l'importance que l’ECC l'attache à la révélation. C’est pourquoi on a également accepté que le prophète Oschoffa, à qui les Célestes reconnaissent une véritable puissance spirituelle de guérison, et même de résurrection des morts, a parfaitement pu parler à un vivant bien qu’étant mort, afin de résoudre une crise dans l'église.

 

Plus tard, en 1992, dans son témoignage en tant que témoin à charge dans le procès intenté  contre Bada et les autres membres du conseil à la Haute Cour de l'état de Lagos par un membre de conseil d'administrateur de l’ECC, Ediemu Blin-Juan confirma comment les fidèles accueillirent la déclaration d'Amu, et il témoigna que "tout le monde fut heureux et il y eu des applaudissements par les fidèles lors de la réunion" [ 29 ]. Cependant, quelques membres se montrèrent incrédules et dénoncèrent l’authenticité du témoignage d’Amu. Ceci se confirma à l’occasion du procès à la Haute Cour de Justice de l'état de Lagos en 1992. Certains des témoins à charge affirmèrent que lors des réunions où Amu a raconté son expérience, l’église n'a pas procédé à un interrogatoire pour confirmer la véracité de son témoignage et de son message pour l’église. Ainsi, quelques membres, dans leur interprétation des clauses constitutionnelles sur la succession, ont rejeté la déclaration d'Amu au prétexte que la révélation divine en question devait être faite à Oschoffa dans le monde des vivants plutôt que dans l'au-delà. Cependant, les messages en provenance d’Amu et de beaucoup d'autres visionnaires se sont vus accorder la confiance grandissante de la majorité des membres de l'église. Cela est devenu de plus en plus clair dans des événements qui ont suivi, et a fini  par être évident lors de  l'acceptation de Bada comme Pasteur de CCC. Comme pour ajouter à la légitimité de la déclaration d'Amu, Bada fit serment  sur la Bible devant une assemblée annuelle de la congrégation qu’il n'avait jamais vu l'homme nommé Amu auparavant. La pratique du serment est une coutume légitime dans la sphère culturelle Yoruba, qui a trouvé une place dans la pensée et la pratique de l’ECC. Il est indéniable que les messages spirituels qui ont été proclamés ont représenté un des facteurs qui ont facilité le choix et l'acceptation de Bada comme successeur du dernier fondateur. Et peut-être que la reconnaissance de la validité de ces communications  par la majorité des fidèles d’Oschoffa est un signe supplémentaire de leur croyance ou de leur reconnaissance des pouvoirs charismatiques et spirituels attribués au Fondateur.

 

A la lumière des événements qui se sont déroulés avant et après la mort d’Oschoffa, l’ECC s’est trouvé plongée dans les difficultés sans aucun chef pour la diriger. Durant la période post-Oschoffa, Le Comité Mondial regroupant tous les représentants des Paroisses fut constitué. Ces dirigeants se rencontrèrent régulièrement pour faire le point sur l’avancement et les problèmes de l’église. Le Bureau des Trustees prit l’initiative de se réunir pour réfléchir sur la nomination d’un successeur à la tête de l’église. A la fin de cette réunion, A. A. Bada fut désigné et proclamé au poste de Pasteur,  sous réserve de ratification par l’ensemble de la congrégation. Il fut par la suite effectivement ratifié par « acceptation générale » et « acclamation populaire » de la part de l’ensemble de l’église lors du rassemblement annuel à Imeko, la Cité Céleste, pour les fêtes de Noël, le 17 et le 25 décembre 1985. Cependant, l’église fut dans l’obligation d’observer une période d’attente de deux ans avant de pouvoir introniser véritablement son dirigeant. Ce fut à l’occasion de la réunion du Comité Mondial du 5 septembre 1987 que deux délégués du diocèse du Bénin déposèrent une motion en faveur de l’intronisation du vrai Pasteur. La motion fut acceptée à l’unanimité des délégués en séance. Alexander Bada fut installé et intronisé Pasteur le 24 décembre 1987.

 

Bien que la section 111 de la Constitution ne prévoie aucune succession par acceptation ou proclamation, ni n’autorise le Bureau des Trustees à désigner le successeur du Pasteur en lieu et place de la congrégation toute entière, l’initiative des Trustees fut néanmoins appréciée comme un soulagement bien venu, et cela constitua un des multiples précédent dans le mécanisme de pérennisation au sein de l’église après la mort d’Oschoffa. Après l’acclamation unanime des 17 et 25 décembre 1985, il devint clair que l’église se dirigeait vers une transition relativement douce en matière de pouvoir, mais c’est alors, deux ans plus tard en 1897, que cette paix naissante fut tuée dans l’oeuf par un membre du Bureau des Trustees.

 

Environ trois mois avant l’intronisation de Bada en décembre 1987, Owodunni intima une injonction formelle à l’église au motif qu’elle n’avait pas le droit d’installer Bada. Lorsque la Cour de Justice le débouta pour cette injonction, il déposa une plainte pour contester la légalité au plan constitutionnel de l’installation du nouveau Pasteur, alors même qu’il avait à l’évidence participé à sa nomination en tant que membre du Bureau des Trustees. Il avait aussi été présent à l’intronisation, et avait reconnu et acclamé avec toute la congrégation Bada en tant qu’héritier légitime au poste de Pasteur.  De la même façon, le 31 octobre 1987, Agbaossi convoqua de sa seule autorité une assemblée des membres de l’ECC à Porto Novo, au cours de laquelle il se proclama ‘Régent’ de l’église. Tous ces événements ne manquèrent pas d’avoir de graves conséquences sur la croissance et le développement de l’église au moment de sa période post charismatique.

 

Une crise éclata à la suite du décès du Pasteur Fondateur au moment même où l’ECC s’efforçait de régler ses problèmes de succession du pouvoir, de continuité et de pérennisation des charismes.Comme expliqué plus haut, la soudaineté du décès inattendu du Pasteur Fondateur le 1er septembre 1985, la stricte observance des dispositifs de la Constitution relatives à la nomination régulière d’un successeur au poste de Pasteur devint impossible à appliquer. Comme le relata plus tard la Direction Générale Internationale dans une publication à la presse :

‘…c’est à la lumière de l’inapplicabilité de la section 111 de la constitution, que la proclamation par le Bureau des Trustees de la nomination du Révérend A. A. Bada comme Pasteur de l’Eglise de Christianisme Céleste dans le monde a été faite à la réunion de la Direction Générale Internationale de décembre 1985, suivie par l’intronisation officielle en décembre 1987, deux ans après … la nomination a été unanimement acclamée et acceptée par l’ensemble de la congrégation de l’église dans le monde entier, y compris l’Evangéliste Honoraire J. K. Owodunni.’ [ 30 ].

 

Le 14 octobre 1987, un procès fut intenté auprès de la Haute Cour de Justice de l’état de Lagos par un membre régulier du Bureau des Trustee de l’ECC, l’Evangéliste Honoraire J. K. Owodunni, qui avait déposé plainte contre le Pasteur Bada et les autres membres du Bureau des Trustees. Owodunni dévoila ses intentions lorsqu’il déclara que : ‘ma décision d’intenter une action en justice m’a été dictée spirituellement. Parmi d’autres révélations, j’ai entendu une voix dans un songe le 20 août 1987, me demandant de défendre la constitution, qui est la véritable fondation sur laquelle toutes les affaires de l’église sont ordonnées…[ 31 ].

Il ne fait aucun doute que Owodunni appuyait solidement sa position sur les lacunes de la Constitution de l’ECC lorsqu’il fit la démonstration que :

1-    La nomination et la proclamation du Suprême Evangéliste Alexander Abiodun Bada comme successeur au poste de Pasteur de l’ECC était nulle et non avenue, et ne pouvait être suivie d’aucun effet.

2-    Les Trustees de l’église (Diocèse du  Nigeria) n’ont aucun pouvoir reconnu par la Constitution de 1980 quant à la nomination au poste du Pasteur

3-    Tout acte officiel décidé ou réalisé par Bada en tant que Pasteur ou successeur à ce poste, depuis et à partir du 24 décembre 1985, est nul et non avenu, et ne pouvait être suivi d’aucun effet.

4-    La soi-disant intronisation et installation de Bada le 24 décembre 1987 est caduque et frappée de nullité.

           
En conséquence de quoi, il intima une injonction à Bada « de cesser de se parader en Pasteur en arborant les habits et attributs attachés à la fonction de Chef de l’ECC » [ 32 ].

A la suite de cette plainte, Bada et le Bureau des Trustees contre attaquèrent par un déclaration selon laquelle : « ils sont dépositaires légaux de la possession, la direction et la gestion de tous immeubles et terrains de l’église, et sont propriétaires des immeubles et terrains de la paroisse d’Ijeshatedo… ». Ils déposèrent également une plainte contre Owodunni visant à l’empêcher, lui et ses adjoints, ses fidèles et ses supporters, d’intervenir d’aucune manière dans les droits dont Bada dispose sur les biens susnommés [33 ]. Avant d’entamer ces poursuites contre Bada, Owodunni avait déjà au début de décembre 1987 demandé à la Justice d’empêcher l’église d’introniser Bada comme Pasteur le 24 décembre à Imeko. La requête fut rejetée par la Cour, dans un jugement qui pour la plupart des gens constitua la base de la position de la justice sur l’ensemble de l’affaire [ 34 ]. En conséquence de quoi, Bada fut intronisé comme Pasteur légitime à la Cité Céleste d’Imeko le 24 décembre 1987, et donc en assuma toutes les charges et  s’assit à partir de cette date sur le trône du Pasteur.

Dans cette course aux procédures légales, Owodunni dévoila ses prétentions au poste de Pasteur, et se référa à un certains nombre de faits qui selon lui apportaient de façon suffisante la preuve qu’il disposait du droit légal à succéder au Pasteur Fondateur, et que dans son cas, les dispositions de la section 111 de la Constitution étaient dûment respectées [ 35 ]. Il  appuya sa prétention  sur une affirmation que le Pasteur avait déjà choisi un successeur (qui était lui-même), et que cela serait bientôt confirmé par une révélation du Saint-Esprit. Lorsque que la Cour enjoigna à l’Eglise d’amender sa Constitution dans le but de faciliter les procédures de succession au poste de dirigeant, Owodunni insista que selon sa vision la Constitution ne devait pas être touchée tant que le nouveau Pasteur ne serait pas révélé [ 37 ].

Quoi qu’il en soit, à l’issue de toutes les séances du procès sur l’accusation principale, qui dura plus de quatre années, la Cour Suprême prononça un jugement complètement inattendu qui surprit pratiquement tous les membres de l’église. Le 10 janvier 1992, la Cour donna raison à la démonstration présentée dans la plainte de Owodunni, ainsi qu’à la plainte demandant à Bada « d’arrêter de se parader en Pasteur et de se revêtir des habits et attributs attachés au rang de Pasteur de l’ECC » [ 38 ]. Néanmoins, la prétention d’Owodunni à la succession régulière au poste de Pasteur fut déboutée par cette même cour de justice, et fut qualifiée d’inauthentique, de falsification, de secret éventé, de mensonges, et de trucage après-coup [ 39 ].

Le Jugement de la Cour Suprême du Lagos du 10 janvier a sans aucun doute balayé l'église comme une vague, car il l’a prise complètement au dépourvu. C'est évident lorsqu’on voit la série de messages de solidarité et les gages de fidélité, d’allégeance et de totale confiance envoyée à Bada par l’ensemble des paroisses, tant dans le pays que depuis l’étranger [ 40 ]. Des messages d’encouragement furent aussi envoyés par des personnalités ou des organismes religieux d’autres églises, comme L’Eglise du Nigeria (de culte anglican), ou l’Association des Eglises Aladura du Nigeria [ 41 ]. Un des traits les plus surprenants de ces témoignages de solidarité est que malgré qu’ils expriment leur indignation devant le jugement rendu, ils déclarent et réaffirment leur soutien inaltérable pour Bada en tant que « Chef Suprême » de l’église. En outre, ils proclament leur sincère résolution à poursuivre leur route avec le courant officiel de l’ECC. Quoique Owodunni ait déposé une injonction en première instance en 1992, la décision finale de la demande d'appel instruite par les Trustees contre le jugement est resté en faveur de Bada, les Trustees et le courant dominant CCC. Les Trustees déposèrent également une plainte en préjudice contre l'exécution du jugement concernant la détermination de l'appel en question. Celle-ci fut acceptée dans une décision du 7 mai 1992 par le même Cour Suprême de Lagos, suspendant en conséquence l'ordre précédent d'injonction concernant la  détermination de l'appel fait dans le procès [ 42 ].

Ce jugement à nouveau eut l’effet d’un événement positif et un signe d’apaisement presque aussi évident que le flot de félicitations et de solidarité qui se déversa sur la direction de l’église envoyé par toutes les paroisses établies de par le monde [ 43 ]. Après la grâce judiciaire du 7 mai 1992, l’église se trouva dans l’obligation d’attendre encore près de deux ans avant que l’appel des Trustees revienne à la surface pour être pris en compte par la Cour d’Appel de Lagos. La décision finale fut prononcée lors du jugement du 2 août 1994, qui déclara que l’Honorable Evangéliste Owodunni n’avait pas un statut qui lui permette d’attaquer en justice le Pasteur Bada. Cette action en justice fut en conséquence rejetée et Bada fut réinstallé. Comme on peut s’en douter, cette bataille juridique prolongée eut de graves conséquences sur l’église. L’esprit de schisme sévissait partout pendant toute cette période et plusieurs membres mirent à profit l’inter règne pour se tenir à l’écart du courant majoritaire de l’église. Cette période prolongée de bataille et de procès fit naître une situation quelque peu confuse durant laquelle des cas notoires d’indiscipline se firent jour parmi les dignitaires et aussi de la part de paroisses envers l’autorité de l’église. Pendant ce temps-là,  toujours insatisfait par la décision de la Cour d’Appel de 1994, Owodunni s’évertuait à obtenir réparation auprès de la Cour de Cassation de Lagos. L’appel qu’il fit contre Bada et le Bureau des Trustees fut enregistré par la Cour Suprême six ans après, en l’an 2000. Le 30 juin 2000, le verdict de la Cour Suprême déclara nulle et non avenue la nomination de Bada, ainsi que toutes les actions qu’il avait entreprises depuis le 24 décembre 1985 jusqu’à ce jour. Dans le même temps que le Bureau des Trustees s’inclinait de la main gauche devant l’autorité du jugement rendu par la Cour Suprême, de la main droite il assura Bada de son soutien entier et de la reconnaissance de son pouvoir, en accord avec une large majorité des fidèles. Reconnaissant de cet acte de fidélité, Bada rendit hommage à leur loyauté et solidarité dans un article de publicité d’une page entière qu’il paya dans un journal, où il déclara, en substance :

« je souhaite profiter de cette opportunité pour exprimer tous mes remerciements au Dieu Tout Puissant … je suis également plein de gratitude envers la loyauté, l’attachement, l’amour et la fidélité sans précédent que j’ai reçus du Bureau des Trustees, des Chefs de Diocèses, des Most Senior Evangélistes, des Bergers, des Seniors Evangélistes, des responsables de Paroisse, des Sœurs des Comités et des Associations, des Comités pour la Jeunesse,  des membres de l’Eglise du Christianisme Céleste de partout dans le monde,  des Chefs religieux chrétiens ou musulmans, les Royal Fathers et le General Public en relation avec le jugement rendu par la Cour il y a 15 ans sur mon intronisation comme Pasteur mondial de l’Eglise du Christianisme Céleste. Puisque cette affaire en est arrivée à son achèvement, en concluant en substance  qu’aucun successeur ne peut être choisi pour remplacer le Pasteur-Fondateur de notre église, …sans amender la Constitution de l’église, il est devenu nécessaire d’agir en conséquence … je vous implore à tous de garder votre calme. Ce n’est pas le moment de pratiquer l’autosatisfaction, pas plus que de se laisser aller à l’amertume ou aux revendications. Ce n’est pas non plus le temps de verser dans la critique systématique… nous devons utiliser le moment présent pour nous rapprocher du Seigneur et Lui demander en prière de nous guider et nous indiquer la voie vers où nous engager. La Direction de l’église fera tout pour que l’église sorte de cette période troublée plus forte et plus unie pour mener à bien les œuvres que notre Seigneur Jésus-Christ nous a confiées. J’ai la ferme conviction que c’est Lui qui nous a choisi, et pas le contraire. Le Corps de Christ, tout au long de cette période de construction de l’église, a été secoué par les querelles, les méchancetés et les rancunes, qui sont les fruits de Satan. Il n’y a rien qui doive nous surprendre là. Mais qu’importe, je reste persuadé au plus profond de mon être que Jésus reste aux commandes et qu’à la fin des fins Son Eglise triomphera en s’élevant au dessus de tous ses ennemis… Amen. » [ 45 ]

Dès que le verdict de la Cour Suprême fut connu, Owodunni s’auto-déclara Pasteur et Chef Suprême de  l’ECC, supporté il est vrai par un très petit nombre de Paroisses, et d’ailleurs  ostensiblement non reconnu par le courant principal de l’église.

 

 

Bonsoir sur la Terre, Bonjour dans les Cieux [ 46 ] :
le congé éternel de Abiodun Bada et de Philip Ajose

 

Malgré toutes ces péripéties, Bada continua de porter les signes et attributs du commandement de l’église dans le monde jusqu’à sa mort  le 8 septembre 2000. Il décéda au Greenwich District Hospital à Londres, et fut inhumé à côté de la tombe du Pasteur Oschoffa à la Cité Céleste d’Imeko le 29 septembre 2000. [ 47 ]

Suite à la disparition de Bada et en application du jugement de la Cour Suprême, la hiérarchie de l’église fit diligence pour combler la vacance de la Direction. A cet effet, des passages significatifs de le Constitution de 1980 furent amendés aux fins de rendre la succession du Pasteur moins problématique. Le résultat en fut la nomination de Philip Ajose lors de la cérémonie annuelle de l’onction, le 24 décembre 2000, et par la suite son intronisation officielle à la Cité Céleste le 24 février 2001. Il était jusque là Chef du Diocèse Outremer dont le Quartier Général se trouve à Londres. Immédiatement, Owodunni déposa une nouvelle plainte auprès du Tribunal pour contester la nomination de Ajose, ostensiblement dans les mêmes termes que sa plainte contre Bada.

Philip Ajose dit-on serait mort subitement le 2 mars 2001, six jours après qu’il soit officiellement installé Pasteur mondial de l’ECC. Il fut lui aussi inhumé comme il convient à la Cité Céleste le 30 mars 2001.  A la suite de sa disparition, la vacance à la Direction de l’église s’est prolongée jusqu’à ce jour. Un journal a déclaré : « Il est évident aux yeux des observateurs de la politique de succession au sein de l’église que la hiérarchie de l’ECC n’est nullement pressée de nommer un successeur au feu Pasteur Philip Honsu Ajose qui est brusquement décédé » [ 48 ]. Il semble que des arrangements internes seraient en passe d’être pris par les plus hautes instances décisionnaires de l’église ( le Bureau des Trustees et le Conseil Pastoral) pour résoudre la crise du pouvoir qui se prolonge, même s’il est toujours officiellement déclaré que l’église reste encore en attente d’une révélation divine pour désigner le successeur du Pasteur. Oluremi Ogunlesi, membre du  Bureau des Trustees a révélé à la presse que « après l’inhumation (d’Ajose) nous nous nous mettrons à l’écoute des révélations  de Dieu  pour un nouveau Pasteur. Mais cela dépend uniquement de Dieu. Il n’y a personne qui puisse actuellement agir pour faire avancer les choses » [ 49 ].  Adeyanju a fait remarquer que « le décès d’Ajose pourrait être le fait catalyseur qui provoquera la réunification de l’église, toujours divisée en factions, et annoncera sa revitalisation. Mais cela dépend de la façon dont la hiérarchie saura tirer parti des circonstances. » [ 50].

 

Ce qui pourra un jour apportera remède aux problèmes de succession au sein de l’église, tout comme ce qui par ailleurs ressortira finalement des attaques en justice contre Ajose, restent aujourd’hui encore l’objet de solides conjectures et de controverses passionnées.

 

 

Répertoire des Notes explicatives

 

  1. Les éléments essentiels de cet article ont déjà été publié dans l’ouvrage de A. A. Adogame : «Celestial Church of Christ: The Politics of Cultural Identity in a West   African Prophetic-Charismatic Movement » (L’Eglise du Christianisme Céleste : politique de l’identité culturelle dans un Mouvement prophétique et charismatique de l’ouest africain) publié chez Peter Lang, Francfort sur le Main, 1999.        

  2. Les éléments chiffrés sont extraits des ‘CCC Biblical Lessons’ et ‘Parish records (1975-1991)’ 

  3. En 1994, le nombre total de paroisses au Nigeria et en-dehors s’élevait respectivement à 1605 et 247. En 1995 et 1996 ce nombre était pour le Nigeria seul de 1468 puis 1744, tandis que en-dehors, on passait à 266 puis 307. pour des renseignements plus détaillés, voir‘CCC Biblical Lessons’ et ‘Parish records (1994-1996)’  

  4. Voir par exemple Adeyemo Tade “Celestial Church of Christ - Inside & Out” Akure : Ade-Tade Publishing Ltd n.d., p.28

  5. Voir le texte complet du discours de Bada à la conférence de presse  réalisée lors de l’anniversaire Jubilé d’Or de l’ECC, dans le Bulletin Pastoral, Vol 4, n°3, déc.97/jan.98.

  6. Voir la liste complète des membre du nouveau Conseil Pastoral dans le Bulletin Pastoral, Vol. 4, n°3, déc. 97/jan. 98.           

  7. Voir le détail des activités dans l’article de O.A. Adefeso, ‘Activity Report of the World Committee and the New administration of Rev. Pastor A.A. Bada during the decade 1985-1995’ in Celestial Eye, Op. Cit., pp. 15-19.        

  8. Le district est un groupe de Paroisses à l’intérieur d’un état, administrée par un représentant du Pasteur d’un rang non inférieur à Assistant Evangéliste. Celui-ci est basé dans une paroisse d’où il peut diriger dans les paroisses qui lui sont rattachée, les rituels saints qu’il est de par son rang seul habilité à faire.

  9. Interview personnelle de Olatunji Akanje faite  le 23 septembre 1995 à la Direction Mondiale de l’ECC à Ketu-Lagos. Oschoffa avait demandé que ses interviews soient filmées en vidéo.
    Avec le temps, tous ses enfants ont dépassés 25 ans. L‘entretien de sa famille se limite à ses veuves.

  10. Voir Max Weber « Théorie d’organisation sociale et économique » traduit par Talcott Preston et A.M.  Anderson, Oxford University Press, New York, 1947, pages 358-392. Il s’agit de la traduction de la 1ère partie de l’ouvrage de Weber  Wirtschaft und Gesellschaft’

  11. Idem, page 360. Le terme d’origine Gottesgnadentum est traduit par don de grâce.

  12. Voir les travaux de Olupona et Hackett.

  13. Interview personnelle de Olatunji Akanje faite  le 3 novembre 1995 à la Direction Mondiale de l’ECC à Ketu-Lagos.

  14. Observation d’un participant aux cultes réalisés pour le 10ème Anniversaire du souvenir du Pasteur Fondateur Oschoffa à Lagos et Imeko.

  15. Voir le Daily Times du 29 septembre 1985, page 1 ; et le Sunday Tribune du 20 octobre 1985, p. 1 & 10.

  16. Interview personnelle de Olatunji Akanje, op.cit.
    Les autorités de l’ECC ont réitéré l’avertissement lors du culte en mémoire du Pasteur, dans le cadre des cérémonie marquant le 10ème anniversaire du feu Pasteur Fondateur le 19 octobre 1995.

  17. Voir l’ouvrage de Weber  « Wirtschaft und Gesellschaft, (Funfte, Revidierte Auflage, Studienausgabe) ». Tubingen: J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1972, p. 142-148; ainsi que Max Weber « Théorie d’organisation sociale et économique » traduit par Talcott Preston et A.M.  Anderson, Oxford University Press, New York, 1947, p.363-373.

  18. Max Weber « Théorie d’organisation sociale et économique » traduit par Talcott Preston et A.M.  Anderson, Oxford University Press, New York, 1947, p.364-367.

  19. Interview personnel de A.A. Bada faite  le 23 novembre 1995 à la Direction Mondiale de l’ECC à Ketu-Lagos.

  20. Voir Michael Toth « La théorie  des deux charismes » p.116. Weber s’est exprimé sur explicita l’occurrence différenciée des charismes dans  « Théorie d’organisation sociale et économique » p.382.

  21. Voir Timothy Miller “When Prophets die: The Postcharismatic Fate of New Religious Movements”, Albany: State University of New York Press, 1991. Cet ouvrage  traite de l’assertion communément admise des spécialistes des sciences sociales, selon laquelle la période suivant  la disparition d’un fondateur ou d’un chef charismatique  est éminemment critique et souvent celle de la désintégration du mouvement créé.

  22. Cela fut largement mentionné par la presse locale et internationale.

  23. Voir la « Constitution de l’ECC » page 3, où il exprime sa demande d’être enterré soit à Porto-Novo soit à Imeko, en fonction de l’endroit où il décèderait. Il demanda également que sa tombe, où qu’elle soit, devrait être placée à part et considérée comme terre Sainte et lieu de pèlerinage. Cela peut être considéré comme un des premier effets de la pérennisation.

  24. Interview personnelle de Olatunji Akanje faite  le 23 novembre 1995 à la Direction Mondiale de l’ECC à Ketu-Lagos.

  25. La lettre fut transmise à tous les Superior Evangélistes pour leur information.Une copie intégrale a été publiée dans le Bulletin Pastoral, édition spéciale, page 1.
     
  26. Cf. Pastoral Council Orders, Op. cit.

  27. Interview personnelle de Olatunji Akanje faite  le 23 novembre 1995 à la Direction Mondiale de l’ECC à Ketu-Lagos.

  28. Dossier N° LD/1675/87, délibérations de la Haute Cour de Justice de Lagos, sous la présidence de Hon. Justice V.B.A. Famakinwa le 10 janvier 1992, page 3&4.
    Interview personnelle du Most Senior Evangéliste S.E. Orovboni faite  le 8 novembre 1995 à la Direction Nationale de l’ECC à Makoko-Lagos. Voir aussi  l’interview personnelle de Olatunji Akanje.

  29. Dossier N° LD/1675/87, ibidem, page 3-4. Ediemou Blin-Juan fut le 3ème témoin de l’accusation présenté par Owodunni pour établir sa plainte dressée contre la défense (Alexander Abiodun Bada et le Bureau des Trustee de l’église).

  30. CCC International Headquarters Press Release, 13 Janvier 1992, Bulletin Pastoral, édition speciale, n.d.

  31. Guardian Express, vol. 5, no. 100,  15 Janvier 1992. p. 1.

  32. Dossier N° LD/1675/87, op.cit., p. 1-3 pour la totalité des déclarations de Owodunni.

  33. Idem page 3.

  34. Celestial Victory Magazine, vol. 1, no. 3, Noël 94/Nouvel An 95. p. 6.
    Interview de Moses Olutomi au CCC International Headquarters, Ketu-Lagos le 22 November 1995.

  35. Dossier No. LD/1675/87, Op. cit., pp. 13-16.

  36. Dans les conclusions du Jugement prononcé par la Cour Suprême : « il appartient à l’ECC de compléter les dispositions de la Constitution pour supprimer les lacunes dont il est question ». Voir les extraits du jugement cités dans l’article intitulé «Celestial Church of Christ leadership tussle : Why the constitution must be amended" in Guardian Law Report, The Guardian, July 4, 2000. p. 64. 

  37. Owodunni fit ressortir ce point dans une interview accordée au Guardian Express, vol. 5, no. 97, January 11, 1992. p. 1.

  38. Voir les extraits du jugement de la Cour, Dossier No. LD/1675/87, Op. cit., aussi rapportés dans le Bulletin Pastoral de juin 1992, page 3-6.

  39. Ceci est la phrase exacte prononcée par le Juge présidant la Cour, Hon. Justice V.B.A. Famakinwa. Voir pp. 13-19 du jugement de la Cour rendu le 7 mai 1992.

  40. Un grand nombre des messages de solidarité et des témoignages de fidélité sont rapportées dans les publications de l’église telles que le Bulletin Pastoral, Celestial News, Celestial Victory, "Irohin Cele", Celestial Voice, Halleluyah Magazine etc.

  41. Voir par exemple le Bulletin Pastoral, édition spéciale de Juin 1992, Op. cit., pp. 17-45.

  42. Voir le jugement de la Cour rendu le 7 mai 1992, ainsi que Celestial Victory, Op. cit.

  43. Voir les messages contenu dans le Bulletin Pastoral de Juin 1992.

  44. CA/L/361/92- Court of Appeal, Lagos; jugement rendu le 2 août 1994 par le Juge Sulu-Gambari.
    Voir aussi CA/L/361/92 Dissenting Judgement, par  Samson Odemwingie Uwaifo (JCA), et  CA/L/361/92 C. Pats-Acholonu (JCA).

  45. Voir la totalité du message de Bada dans l’article intitulé « "Supreme Court of Nigeria Judgement : Re-Appointment of Rev. A.A. Bada as Pastor, Celestial Church of Christ Worldwide", dans The Guardian, July 12, 2000. p. 54.

  46. Ceci est l’une des inscriptions écrite en grosses lettres sur des bannières géantes de l’ECC lors des cérémonies funéraires du Pasteur Ajose à la Cité Céleste d’Imeko en mars  2001.

  47. Voir les deux pleines pages d’annonce au public publiées par la Direction Générale Mondiale de l’ECC dans The Guardian du 13September 2000. pp. 58 & 59. Le texte était signé par Philip Ajose sous couvert du Conseil Pastoral.

 

  1. Voir Dickson Adeyanju , "For the Celestial Church, A Time for Re-Assessment", dans The Guardian du dimanche 11 mars 2001. pp. 24-25.

 

  1. Idem page 24.

 

  1. Idem page 25.

 

Traduction française ??  Christian Le Dalour

Vénérable Senior Leader

Paroisse Autel de Vie de Drancy

Eglise du Christianisme Céleste de France

 

www.christianismcelest.com

 

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